La
science
des
nombres,
ou
gématrie,
omniprésente
en
maçonnerie
comme
dans
la
kabbale,
est
également
cryptée
dans
l'héraldique.
A
titre
d’exemple,
voici
l’écu
des
Drouet
d’Erlon,
où
se
déploie
remarquablement
le
nombre
33,
âge
du
Christ
et
nombre
des
grades
de
l’écossisme.
Ces
armes
se
lisent
ainsi
:
«
Ecartelé
:
au
1er,
d’argent
chargé
du
canton
des
comtes
militaires,
à
cinq
trèfles
d’azur
rangés
autour
en
orle
;
au
2ème,
de
gueules
au
lion
d’argent
;
au
3ème,
de
gueules
au
chevron
d’argent
accompagné
de
trois
étoiles
du
même
;
au
4ème,
d’argent
à
cinq
trèfles
d’azur
entourant
un
écu
du
même
».
Le
trèfle
à
trois
feuilles
représente
les
trois
statuts
opératifs
de
l’apprenti,
du
compagnon
et
du
maître.
Groupés
par
cinq,
ils
symbolisent
les
cinq
sens
qui
servent
à
appréhender
la
connaissance,
le
logos.
Multiplier
les
trois
feuilles
par
les
dix
trèfles
donne
trente
auquel
il
suffit
d’ajouter
les
trois
étoiles
pentagrammatiques
pour
obtenir
les
trente-trois
degrés
ou
les
trente-trois
ans.
Ce
n’est
qu’un
exemple
parmi
bien
d’autres,
mais
la
gématrie
appliquée
à
l’héraldique
peut
donner
la
clé
de
bien
des
identités.
La
grenade,
qu’elle
soit
militaire,
comme
ici
dans
l’écu
Lepic,
ou
qu’elle
soit
fruit,
comme
dans
les
armes
de
Lepaige
d’Orsenne,
rencontre
un
grand
succès
sous
l’Empire.
Ornement
des
colonnes
du
Temple
de
Salomon
ou
arme
depuis
le
feu
grégeois
jusqu’à
nos
jours,
que
ce
soit
pour
disperser
des
graines
de
vie
ou
des
éclats
mortels,
elle
éclate,
d’où
la
signification
qu’elle
revêt
dans
le
sens
des
forces
élémentaires
qu’il
faut
apprendre
à
maîtriser.
C’est
à
la
fois
un
symbole
de
fécondité
,
de
postérité
nombreuse,
et
un
symbole
des
douceurs
maléfiques.
C’est
pour
avoir
mangé
un
pépin
de
grenade
que
Perséphone
passera
un
tiers
de
l’année
dans
l’obscurité
brumeuse
et
les
deux
autres
tiers
auprès
des
Immortels.
La
hache,
l’un
des
symboles
majeurs
du
22ème
degré
écossais,
Chevalier
de
Royal
Hache,
Prince
du
Liban,
se
retrouve
également
surmontant,
comme
pour
la
fendre,
la
pierre
cubique
à
pointe.
Elle
est
donc
symbole
de
différenciation.
Son
manche
figure
l’axe
polaire
ainsi
que
l’évoque
le
nom
anglais
de
la
hache
:
poleaxe.
Le
prophète
Elisée,
selon
le
1er
Livre
des
Rois
(6-5),
est
l’auteur
de
la
flottation
de
la
hache
dans
le
Jourdain,
annonciatrice
du
Précurseur,
Jean
le
Baptiste,
et
du
sort
qui
l’attend.
La
symbolique
chrétienne
reste
maîtresse
de
l’outil
du
charpentier
de
Nazareth,
qui
a
aussi
appris
le
métier
à
son
fils.
La
lune
se
rencontre
le
plus
souvent
figurée
sous
forme
de
croissant.
Sa
très
ancienne
signification
plonge
ses
racines
dans
le
paléo-christianisme
;
ne
représentait-on
pas
le
crucifié
entouré
de
Marie
et
de
Jean
surmontés
de
la
Lune
et
du
Soleil
?
Vision
qui
n’est
pas
sans
rappeler
les
liens
et
le
jeu
de
miroir
entre
microcosme
et
macrocosme.
De
multiples
représentations
lunaires
sont
illustrées
dans
le
système
pythagoricien.
Il
suffit
au
maçon
de
se
tourner
vers
l’orient
pour
y
voir
la
lune
en
son
premier
quartier,
c’est-à-dire
en
phase
croissante
qui
est
celle
favorable
aux
choses
de
l’esprit
et
à
l’initiation.
Mais
à
côté
des
croissants,
on
la
rencontre
aussi
dans
sa
phase
pleine,
et
je
ne
peux
résister
à
vous
montrer
ceci.
Il
s’agit
du
blason
du
21ème
degré
du
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté,
Noachite
ou
Chevalier
Prussien.
Ces
armes
se
lisent
ainsi
:
«
Coupé
;
au
1er,
d’azur
à
la
lune
d’argent
entourée
d’étoiles
d’or
;
au
2ème,
au
triangle
équilatéral
évuidé
d’argent
et
à
la
flèche
du
même,
empennée
d’or
».
Comparez-les
avec
les
armoiries
du
sénateur
comte
Joseph-Louis
Lagrange
:
«
de
sable
au
triangle
équilatéral
évuidé
d’or
surmonté
d’une
lune
d’argent
;
au
franc-quartier
des
comtes
sénateurs
».
Si
ce
n’est
pas
du
plagiat,
c’est
quand
même
bien
imité.
Dois-je
présenter
le
maillet
?
Le
Vénérable
et
les
deux
surveillants
l’emploient
pour
gouverner
la
loge
dans
tous
les
rites
pratiqués
sous
l’Empire.
L’usage
rituélique
de
trois
maillets
par
la
loge
a
donné
à
ce
modeste
outil
une
valeur
emblématique
de
pouvoir
partagé
et
juste.
Symbole
de
l’énergie
agissante,
il
représente
l’activité
formatrice
ou
démiurgique.
Il
figure,
trois
fois
répété,
dans
ces
armes
du
baron
Lameth,
même
s’ils
sont
partiellement
dissimulés
derrière
le
franc-quartier
brochant
des
barons
préfets.
Voyez
aussi
cette
belle
figuration
d’une
chouette
accompagnée
de
deux
maillets
dans
les
armes
du
chevalier
Rousseau.
La
montagne,
qui
sert
de
toit
du
monde,
permet
à
celui-ci
d’atteindre
symboliquement
les
couches
inférieures
du
plérôme.
Sa
représentation
héraldique
adopte
la
silhouette
d’un
triangle,
la
pointe
vers
le
haut.
Présente
effectivement
ou
implicitement
dans
plusieurs
degrés
maçonniques,
tant
écossais
que
de
la
Sainte
Arche
Royale
avec
le
mont
Moriah,
elle
contient
la
caverne
dans
laquelle
médite
le
candidat
à
l’initiation.
A
la
fois
lieu
de
sépulcre
et
lieu
de
renaissance,
elle
contient
le
noyau
d’immortalité
comme
le
montre
la
kabbale
juive.
Le
niveau
est
un
élément
important
du
symbolisme
maçonnique.
Il
est
constitué
d’une
équerre
juste
au
sommet
de
laquelle
est
suspendu
un
fil
à
plomb.
Si
son
but
essentiel
est
de
déterminer
l’horizontale,
il
n’en
donne
pas
moins
en
même
temps
la
verticale.
Les
applications
sociales
ou
morales
de
son
symbolisme
aux
notions
d’égalité
ou
de
nivellement
sont
d’une
évidente
insuffisance.
Il
convient
donc
d’envisager
ce
symbolisme
sur
un
plan
supérieur.
L’œil,
rare
dans
l’ancienne
héraldique,
devient
plus
fréquent
après
1808.
Commun
au
christianisme
et
à
la
franc-maçonnerie,
il
s’inscrit
dans
un
triangle
où
il
peut
être
remplacé
par
le
Nom
Ineffable.
Certains
rites
disposent
parfois
sur
la
paroi
orientale
de
la
loge
un
delta
comportant
un
oeil.
Bien
évidemment,
en
Maçonnerie
comme
dans
les
traditions
chrétienne
et
juive,
il
s'agit
là
du
symbole
de
la
divinité
que
l'on
désigne
sous
le
nom
de
Grand
Architecte
de
l'Univers.
Ce
triangle
équilatéral
se
caractérise
aussi
comme
l'emblème
de
la
nature
divine
du
Christ
et
comme
tel
il
symbolise
le
feu
ou
principe,
le
cœur
ou
la
fusion
de
l'âme
en
Dieu.
Le
symbole
de
l’œil
qui
figure
parfois
au
centre
du
delta
se
retrouve
en
d'autres
traditions.
Ainsi
en
Inde,
au
Népal,
au
Tibet,
au
Bhoutan,
les
deux
yeux
représentent
le
soleil
et
la
lune
ou
les
deux
regards
de
Vaishvanara
dirigés
vers
le
visible
et
l'invisible,
vers
le
terrestre
et
le
céleste.
L’œil
unique
fait
pendant
au
Troisième
Oeil.
Non
visible,
il
correspond
à
la
perception
intérieure
de
la
réalité
qui
conduit
à
la
manifestation
de
l’œil
du
Cœur,
ce
qui
s'exprime
par
l'acte
simultané
en
lequel
Dieu
voit
l'homme
et
l'homme
voit
Dieu.
Cet
état
relevant
de
la
surhumanité,
dépassant
le
visible,
était,
pour
Hildegarde
de
Bingen,
le
symbole
de
"l'essence
et
de
la
connaissance
divine."
Organe
de
la
perception
sensible,
il
est
naturellement
celui
de
la
perception
intellectuelle.
Dans
la
tradition
maçonnique,
il
symbolise
sur
le
plan
physique
le
soleil
visible
d’où
émane
la
vie
et
la
lumière,
sur
le
plan
intermédiaire,
le
Verbe,
Logos
ou
Principe
créateur,
et
sur
le
plan
spirituel,
le
Grand
Architecte
de
l’Univers.
En
loge,
l’œil
qui
voit
tout
occupe
implicitement,
même
s’il
n’y
est
pas
figuré
dans
le
triangle,
une
place
centrale
entre
les
deux
yeux
visibles
de
la
lune
et
du
soleil,
exactement
comme
la
deisis
grecque
symbolise
l’œil
du
cœur
et
de
la
connaissance
pure
acquise
par
l’amour.
Les
deux
yeux
ne
sont
guère
matérialisés
en
Maçonnerie
mais
ils
restent
omniprésents
dans
le
cheminement
initiatique
du
Cherchant
car
ils
symbolisent
sa
vision
dualiste
ou
mentale
comme
sa
dépendance
au
binaire.
Tout
le
parcours
symbolique
du
maçon
va
s'accomplir
à
partir
de
cette
perception."
Le
pélican
est
un
meuble
héraldique
très
ancien.
Mais
la
période
de
1808
à
1814
développe
plus
particulièrement
quelques
aspects
de
son
symbolisme.
Il
est
en
effet
systématiquement
représenté
avec
sa
piété,
s’ouvrant
le
ventre
pour
en
nourrir
ses
petits,
reproduisant
exactement
le
bijou
du
18ème
degré
du
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté,
grade
de
Souverain
Prince
Rose-Croix,
également
7ème
et
dernier
degré
du
Rite
Français.
Symbole
de
l’amour
paternel,
comme
oiseau
aquatique
il
symbolise
la
nature
humide
disparaissant
sous
l’effet
de
la
chaleur
solaire
et
renaissant
en
hiver,
ce
pourquoi
son
image
fait
parfois
pendant
au
phénix
renaissant
de
ses
cendres.
Dans
les
armes
du
baron
Flosse,
il
est
même
surmonté
d’une
rose
!
Ce
parchemin
déroulé
dans
les
armes
Boissonnet,
sur
lequel
se
détache
un
pentagone
ne
représente-t-il
pas
la
planche
à
tracer
?
Support
du
plan
tracé
par
les
maîtres,
la
planche
à
tracer
contient
en
puissance
l’édifice
du
temple
de
l’humanité.
Le
pentagone
qui
s’y
trouve
ici
inscrit,
face
de
dodécaèdre,
nous
renvoie
à
l’étoile
à
cinq
branches
dont
il
constitue
le
cœur.
Les
armoiries
ont
de
tous
temps
porté
des
planètes
et
des
corps
célestes.
J’ai
déjà
évoqué
la
lune
et
les
étoiles
;
bientôt,
nous
aborderons
le
soleil.
Les
loges
sont
abondamment
ornées
de
planètes
au
nom
de
la
parabole
annonçant
que
ce
qui
est
en
haut
est
comme
ce
qui
est
en
bas
;
et
le
grade
de
Chevalier
du
Soleil,
28ème
degré,
fait
directement
allusion
aux
sept
planètes
traditionnelles.
L’héraldique
napoléonienne
en
hérite
en
ajoutant
des
planètes
au
naturel,
fort
prisées
depuis
la
découverte
d’Uranus
par
Herschel
en
1781.
A
l’image
de
son
origine
antique,
l’Empire
prétend
représenter
sur
Terre
l’ordre
du
cosmos
sans
réveiller
toutefois
la
notion
de
droit
divin.
Voyez
les
armoiries
du
frère
Laplace,
mathématicien
et
astronome,
dans
lesquelles
apparaissent
Jupiter
et
Saturne,
avec
leurs
satellites
et
anneau,
ainsi
que
le
soleil.
Le
pont
remonte
aussi
à
la
plus
ancienne
antiquité
armoriale,
véhiculant
au
propre
comme
au
figuré
des
notions
encore
plus
anciennes
dont
s’inspire
le
frère
Goethe
dans
son
roman
«
Le
Serpent
Vert
».
Le
pont
évoque
le
passage
de
la
terre
au
ciel,
de
l’état
humain
aux
états
supra-humains,
de
la
contingence
à
l’immortalité,
du
monde
sensible
au
monde
supra-sensible.
Il
peut
symboliser
l’arc-en-ciel,
et
est
bien
présent
au
15ème
degré,
Chevalier
d’Orient,
tout
en
étant
perceptible
au
22ème
degré,
Prince
du
Liban.
Les
ponts
que
l’on
rencontre
dans
les
légendes
de
la
Table
Ronde
comme
dans
les
légendes
iraniennes
sont
des
passages
difficiles,
larges
pour
les
justes,
étroits
comme
une
lame
de
rasoir
pour
les
indignes.
Deux
éléments
se
remarquent
donc
ici
:
le
symbolisme
du
passage
et
le
caractère
fréquemment
périlleux
de
celui-ci,
caractéristique
de
tout
voyage
initiatique.
Nouveauté
héraldique,
la
pyramide
appartient
au
registre
des
mythes
fondateurs
de
l’Empire.
Elle
semble
réservée
aux
vétérans,
tant
civils
que
militaires,
de
la
campagne
de
1797
en
Egypte.
Symbole
ascensionnel,
elle
est
l’image
la
plus
parfaite
de
la
synthèse.
Son
symbolisme
se
rattache
aussi
à
celui
de
la
montagne.
Au
terme
de
l’ascension
pyramidale,
l’initié
atteint
l’union
au
Verbe,
comme
le
pharaon
défunt,
au
creux
de
la
pierre,
s’identifie
au
dieu
immortel.
L’égyptomanie
a
produit
la
naissance
du
rite
égyptien
de
l’Ordre
sacré
des
Sophisiens
et
de
la
Souveraine
Pyramide
des
Amis
du
Désert,
un
des
rites
à
l’origine
des
rites
de
Memphis
et
de
Misraïm.
Nul
doute
que
les
maçons
titrés
de
l’Empire
établiront
un
lien
entre
la
pyramide
et
la
pierre
cubique
à
pointe.
Guénon
appelait
la
rose,
le
lotus
de
l’occident,
l’un
et
l’autre
étant
très
proches
du
symbolisme
de
la
roue.
Reprise
dans
les
armes
de
Luther
et
du
mythique
Christian
Rosenkreutz,
elle
a
été
transmise
à
des
hauts
grades
de
sociétés
des
Lumières.
Symbole
de
régénération,
je
l’ai
déjà
évoquée
en
parlant
du
pélican
du
18ème
degré.
Elle
connaît
un
grand
succès
dans
l’héraldique
napoléonienne.
Le
frère
Goethe,
encore
lui,
a
écrit,
dans
son
poème
«
Les
Mystères
»
:
«
La
croix
est
enlacée
étroitement
de
roses.
Qui
donc
a
marié
des
roses
à
la
croix
?
».
On
peut
se
poser
la
même
question
en
voyant
le
blason
des
Jacquinot.
L’héraldique
napoléonienne
utilise
souvent
des
meubles
représentant
des
bâtiments
en
ruine,
que
ce
soit
des
tours,
des
châteaux,
des
murailles
ou
même
des
maisons
ordinaires.
Plusieurs
lectures
peuvent
se
faire
de
leur
symbolisme.
Si
on
se
place
au
niveau
maçonnique,
on
constate
que
les
tabliers
des
maîtres
de
l’époque
montrent
souvent
un
temple
dont
on
ne
sait
s’il
est
en
ruine
ou
en
construction.
Les
ouvriers
sont
censés
se
construire
ontologiquement
en
même
temps
qu’ils
élèvent
le
temple.
Hiram
désigne
les
travaux
épars.
En
somme,
la
ruine
représente
l’état
de
la
créature
qui
n’a
pas
encore
reçu
la
lumière
symbolique.
Le
renversement
de
la
chronologie
montre
la
ruine
comme
l’état
provisoire
du
bâtiment
en
cours
de
reconstruction
symbolique
en
vue
d’atteindre
la
perfection
voulue
par
le
Grand
Architecte
de
l’Univers.
Le
sapin,
cet
arbre
toujours
vert
évoqué
lors
de
la
fête
solsticiale
de
la
Saint-Jean
d’hiver,
est
aussi
présent.
Comme
le
laurier
d’Apollon,
il
est
symbole
d’immortalité,
mais
celle-ci
est
suggérée
plus
précisément
sous
sa
forme
de
puissance
vitale.
La
pomme
de
pin
est
le
sceptre
de
Dionysos,
frère
d’Apollon.
Le
pin
est
associé
à
l’exaltation
de
la
vie
et
à
la
glorification
de
la
fécondité.
Il
est
à
Dionysos
ce
que
le
laurier
est
à
Apollon.
J’ai
relevé,
parmi
d’autres,
ce
sapin
chargé
d’un
triangle
et
d’un
compas
dans
le
blason
Deschamps.
Le
soleil
revient
aussi
fréquemment.
J’en
ai
déjà
touché
un
mot
en
parlant
de
l’aigle
et
des
planètes.
Il
figure
à
l’orient
des
temples
et
le
titre
du
26ème
degré
du
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté,
Chevalier
du
Soleil,
lui
est
consacré.
Le
serpent,
symbole
de
prudence,
de
santé,
de
guérison,
de
longue
vie
et
de
résurrection,
ressemble,
en
quittant
sa
peau
tous
les
ans,
au
monde
qui
se
renouvelle
tous
les
printemps.
Dualisme
du
symbole,
le
serpent
fut
aussi
considéré
comme
néfaste
depuis
qu’il
tenta
Eve
au
Paradis
Terrestre.
J’ai
déjà
évoqué
le
grade
de
Chevalier
du
Serpent
d’Airain.
Le
livre
des
Nombres
rapporte
que
des
serpents
terrestres
envoyés
par
Dieu
firent
périr
beaucoup
de
monde
en
Israël
mais
que
le
peuple
élu
retrouva
la
vie
par
le
serpent
lui-même.
A
côté
de
ce
serpent
représenté
classiquement
ondulant,
l’héraldique
napoléonienne
le
représente
aussi
se
mordant
la
queue,
enroulé
en
forme
de
cercle
qui
n’a
ni
commencement
ni
fin.
L’ouroboros
du
blason
Brayer
renferme
à
la
fois
les
idées
de
mouvement,
de
continuité,
d’autofécondation
et,
en
conséquence,
d’éternel
retour.
Je
dois
terminer
ici
cette
revue
des
meubles
héraldiques
évoquant
la
franc-maçonnerie.
J’aurais
pu
aussi
envisager,
toujours
en
relation
avec
l’Ordre
maçonnique,
du
symbolisme
des
couleurs,
de
celui
de
la
disposition
des
pièces
et
de
la
géométrie
de
l’écu.
Tout
ceci
prouve
à
suffisance
l’influence
maçonnique
sur
l’héraldique
napoléonienne.
Mais
ce
ne
fut
pas
la
seule
source
d’inspiration
de
Cambacérès.
En
fait,
les
grands
courants
de
la
pensée
métaphysique,
depuis
la
plus
haute
antiquité
jusqu’aux
Lumières
du
XVIIIème
siècle,
se
rencontrent
dans
les
écus
des
grognards.
Les
religions
orientales
et
nordiques,
le
fond
légendaire
celtique
y
figurent
aussi,
ainsi
qu’en
témoigne
cette
représentation
de
Mélusine,
à
côté
du
naturalisme
ou
de
l’héraldique
imaginaire
des
romans
de
la
Table
Ronde.
L’immense
érudition
de
Cambacérès,
héritier
authentique
des
Encyclopédistes
et
précurseur
des
scientifiques
du
XIXème
siècle,
lui
permet
de
marier
les
meubles
les
plus
divers
évoquant
les
sagesses
orientales
ou
antiques,
tels
(Estève)
Isis,
l’ouroboros,
le
taureau
(de
Mithra
?),
Hercule,
Minerve,
le
caducée
et
autres,
avec
ceux
évoquant
l’hermétisme
et
l’alchimie,
comme
le
creuset
ou
athanor
et
la
salamandre.
Tous
ces
meubles,
et
ceux
d’inspiration
maçonnique
en
particulier,
ainsi
que
leur
disposition
dans
les
écus
indiquent
toute
la
valeur
éthique
du
blason.
Non
seulement
le
corpus
initiatique
sert
de
vivier
à
l’héraldique
napoléonienne,
mais
encore
la
perméabilité
des
fonctions
politiques
et
rituéliques
du
Très
Illustre
Frère
Archichancelier
lui
ont
permis
de
puiser,
dans
l’imaginaire
de
plusieurs
traditions,
les
images
concordantes
qui
facilitent
l’approche
de
la
Tradition
primordiale
et
la
restitution
de
son
image
dans
les
armoiries.
J.
Declercq.
Mars
2002.
ARMORIAL.
SOURCES
BIBLIOGRAPHIQUES.
Lamarque
Ph.
:
L’héraldique
napoléonienne.
Ed.
du
Guy.
Chevalier
J.
et
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A.
:
Dictionnaire
des
symboles.
Ed.
Seghers.
Masson
H.
:
Dictionnaire
initiatique.
Ed.
Pierre
Belfond.
Vulson
de
la
Colombière
:
La
symbolique
du
blason.
Ed.
La
Place
Royale.
Viel
R.
:
Les
origines
symboliques
du
blason.
Ed.
Berg
Internnational.
Jacq
C.
et
Delapierre
P.
:
De
sable
et
d’or.
Symbolique
héraldique.
L’honneur
du
nom.
Ed.
des
Trois
Mondes.
Cadet
de
Gassicourt
et
du
Roure
de
Paulin
:
L’hermétisme
dans
l’art
héraldique.
Ed.
Berg
Internnational.
Vers
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