Héraldique
napoléonienne
et
symbolisme
maçonnique.
Sans
vouloir
faire
un
historique
de
l’héraldique,
il
est
bon
de
rappeler
que
l’usage
des
armoiries,
tel
qu’on
le
connaît
aujourd’hui,
remonte,
dans
notre
Europe
occidentale,
à
l’époque
des
Croisades.
Du
XIème
au
XIVème
siècle,
c’est-à-dire
de
l’occlusion
du
casque
jusqu’à
l’apparition
de
la
poudre
à
canon
qui
sonne
le
glas
de
l'armure,
le
combattant
est
rendu
méconnaissable.
D’où
la
mise
sur
pied
d’un
système
de
reconnaissance,
d’identification,
qui
met
en
œuvre
la
peinture
de
signes
distinctifs
sur
le
bouclier
et
au
cimier
des
casques.
Ces
blasons
qui,
jusqu’à
la
fin
du
premier
quart
du
XIIème
siècle,
semblent
marquer
surtout
l’appartenance
à
un
groupe
féodal,
donneront
naissance
aux
armoiries
familiales.
Un
seigneur
féodal
de
cette
époque
arbore
généralement
deux
blasons
:
celui
de
sa
famille
et
celui
de
sa
terre,
ce
dernier
étant
le
plus
souvent
figuré
sur
l’enseigne.
La
mise
en
place
d’une
codification,
de
l’établissement
de
règles
s’est
faite
d’abord
par
l’usage
puis
cette
codification
fut
placée
sous
la
sauvegarde
des
hérauts
d’armes.
Je
ne
m’étendrai
pas
ici
sur
ces
règles
complexes
qui
rebutent
généralement
le
profane
en
la
matière
mais
qui
sont
cependant
restées
en
vigueur
jusqu’à
notre
époque.
L’ensemble
de
codifications
du
système
héraldique
du
moyen-âge
n’a
en
fait
aucune
influence
sur
le
contenu
profond
de
l’héraldique.
Sachez
qu’en
établissant
avec
précision
la
filiation
des
thèmes
héraldiques,
on
pourrait
déceler
les
«
moments
»
de
passage
d’une
civilisation
à
une
autre
et
intégrer
l’évolution
héraldique
à
l’évolution
historique.
Mais
au-delà
du
fait
historique,
pesé
et
quantifié,
existe
une
pensée
de
nature
héraldique.
Et
cette
pensée
est
indissociable
de
l’univers
des
symboles
et
de
l’initiation.
Adalbert
de
Beaumont
a
écrit
que
«
le
blason,
à
son
origine,
était
une
sorte
de
langue
énigmatique
qui,
ainsi
que
les
devises,
avait
un
sens
mystique
et
secret,
dont
chacun
connaissait
le
mot,
en
se
gardant
bien
toutefois
de
le
publier
».
Il
existe
donc
une
différence
fondamentale
entre
l’héraldique
dans
toute
sa
pureté,
à
savoir
une
vision
symbolique
de
l’homme
et
du
monde,
et
la
«
science
des
armoiries
»
née
au
XIIème
siècle
et
destinée
à
dégénérer
dans
le
dédale
des
codifications
artificielles.
Support
de
symboles,
l’héraldique
est
née
avec
la
conscience
du
sacré.
L’art
héraldique
repose
sur
une
transmission
rituelle
c’est-à-dire
initiatique
dont
l’adoubement
chevaleresque
est
une
admirable
illustration.
Dès
1791,
la
Révolution
française
avait
interdit
l’usage
des
armoiries
comme
marques
de
la
féodalité.
Mais
1804
voit
le
couronnement
du
Premier
Consul
Bonaparte
comme
Empereur
des
Français.
Avec
l’Empire
se
crée
une
nouvelle
noblesse,
avec
cette
nouvelle
noblesse
apparaissent
de
nouvelles
armoiries.
De
l’Ancien
Régime,
il
ne
reste
que
des
ruines
;
il
faut
reconstituer
un
système
immédiatement
utilisable.
J’ai
déjà
eu
l’occasion
de
parler
du
rôle
de
la
franc-maçonnerie
sous
le
Premier
Empire
français.
Ici
aussi,
on
va
le
voir,
son
influence
va
sans
aucun
doute
se
faire
sentir.
Le
rétablissement
de
la
noblesse
entraîne
la
mise
sur
pied
du
Conseil
du
sceau
des
titres,
créé
par
décret
du
1
mars
1808.
Cet
organisme,
aux
compétences
essentiellement
financières
et
patrimoniales,
chargé
de
l’examen
des
demandes
relatives
aux
titres
et
aux
majorats,
a
aussi
dans
ses
attributions
l’établissement
des
lettres-patentes
et
les
règlements
d’armoiries.
Il
va
donc
produire,
en
un
bref
laps
de
temps
de
six
ans
une
quantité
impressionnante
d’écus
puisque
environ
trois
mille
deux
cent
soixante
anoblissements
se
comptent
de
1808
à
1814.
Ce
Conseil
du
sceau
des
titres
n’est
pas
indépendant
du
ministère
de
la
Justice.
Celui-ci
est
dirigé
par
le
F
:.
Claude
Ambroise
Regnier,
duc
de
Massa.
Son
fils,
Nicolas-François-Sylvestre
Regnier
de
Gronau
de
Massa,
auditeur
au
Conseil
d’Etat,
sera
nommé
secrétaire
général
du
Conseil
du
sceau
des
titres
en
1810.
Il
épouse
la
même
année
la
fille
de
notre
F
:.
Macdonald,
maréchal
de
l’Empire.
Il
sera
ainsi
en
quelque
sorte
le
«
député
»
d’une
loge
(le
Conseil)
auprès
de
son
obédience
(le
ministère
de
la
Justice).
Ce
Conseil
apparaît
donc
comme
une
annexe
où
règne
une
quiétude
de
travaux
«
très
couverts
et
très
éclairés
».
A
la
présidence
du
Conseil,
nous
trouvons
le
Très
Illustre
Frère
Régis
de
Cambacérès,
naguère
Deuxième
Consul,
ancien
ministre
de
la
Justice
et
Archichancelier
de
l’Empire.
Il
sortirait
du
cadre
de
cette
étude
d’évoquer
sa
biographie
complète.
Au
point
de
vue
maçonnique,
il
fut
initié
à
Montpellier
sous
Louis
XVI
;
fils
et
petit-fils
de
francs-maçons,
dès
1772
il
est
membre
d’abord
de
la
loge
anglaise
Saint-Jean
du
Secret
et
de
l’Harmonie
puis
de
la
loge
L’Ancienne
et
la
Réunion
des
Elus
alors
qu’il
était
Conseiller
à
la
Cour
des
Aides
de
Montpellier.
Installé
en
qualité
de
Grand
Maître
adjoint
du
Grand
Orient
de
France
(le
Grand
Maître
étant
le
frère
aîné
de
l’Empereur,
Joseph
Bonaparte),
il
était
«
ami
des
honneurs
et
dignitaire-né
»,
en
a
dit
l’historien
Jacques
Bainville.
Le
valet
de
chambre
de
l’Empereur,
Constant,
a
écrit
dans
ses
Mémoires
que
Napoléon
riait
de
bon
cœur
quand
on
lui
racontait
que
l’Archichancelier,
comme
chef
du
Grand
Orient,
ne
présidait
pas
un
banquet
maçonnique
avec
moins
de
gravité
qu’il
n’en
apportait
à
la
présidence
du
Sénat
ou
du
Conseil
d’Etat.
Dans
les
mois
et
années
qui
suivirent
son
installation
à
la
tête
effective
du
Grand
Orient,
il
collectionnera
toutes
les
autres
présidences
maçonniques
qui
pouvaient
alors
exister
:
en
1806,
il
succède
au
comte
de
Grasse-Tilly
comme
Grand
Commandeur
du
Suprême
Conseil
de
France
du
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté
et
devient
Grand
Maître
d’Honneur
de
la
Grande
Loge
Provinciale
de
Hérédom
;
en
1807,
il
est
Grand
Maître
de
la
Mère-Loge
du
Rite
Ecossais
Philosophique
;
l’année
suivante
le
voit
Grand
Maître
de
l’Ordre
des
Chevaliers
Bienfaisants
de
la
Cité
Sainte
du
Rite
Ecossais
Rectifié
dans
le
directoire
de
Bourgogne
et
protecteur
du
Rite
Primitif
;
enfin,
en
1809,
il
devient
Grand
Maître
des
directoires
d’Auvergne
et
de
Septimanie
du
Rite
Ecossais
Rectifié.
L’Archichancelier
aimait
la
maçonnerie
par
goût.
Il
avait
même
une
petite
loge
au
faubourg
Saint-Honoré
à
son
usage
seul.
Il
y
recevait
les
maréchaux,
les
généraux,
les
officiers
supérieurs,
les
conseillers
d’état,
les
sénateurs,
les
hauts
fonctionnaires
de
l’administration
et
la
magistrature.
Cambacérès
est
entouré,
au
sein
du
Conseil,
par
deux
conseillers
d’état
et
trois
sénateurs
;
il
y
avait
aussi
un
secrétaire
général
(on
l’a
vu,
dès
1810,
c’est
le
fils
du
ministre
de
la
Justice)
et
un
notaire
trésorier
du
sceau.
Un
commissaire
chargé
d’apposer
le
sceau
et
deux
huissiers
complètent
le
personnel.
Ce
personnel
du
Conseil
est
entièrement
absorbé
par
des
fonctions
administratives,
transcrivant
en
actes
authentiques
les
valeurs
immobilières
et
foncières
qui
constituent
les
majorats
et
évaluant
les
revenus.
Il
ne
lui
reste
que
peu,
voire
pas,
de
temps
pour
concevoir
les
armoiries.
On
peut
logiquement
supposer
que
Cambacérès,
présidant
le
Conseil
sans
prendre
part
aux
travaux
de
procédure,
griffonnait
les
armoiries.
Il
savait
que
l’écu
devait
être
non
seulement
un
signe
extérieur
de
reconnaissance
mais
aussi
un
signe
de
l’identité
intérieure
exprimant
la
personnalité
de
la
«
gens
».
Les
armoiries
lui
semblaient
importantes
au
point
de
ne
rien
déléguer
en
cette
matière.
Selon
Jacques
de
Saulieu,
il
est
possible
que
la
transcription
de
ces
épures
tracées
par
la
main
de
l’Archichancelier,
transcrites
en
armoiries
enluminées
sur
les
actes
authentiques,
ait
été
peinte
par
les
commis
de
la
grande
famille
d’héraldistes
de
l’Ancien
Régime,
les
d’Hozier.
Les
armoiries
napoléoniennes,
comme
celles
abrogées
par
la
Révolution
et
celles
toujours
en
usage
à
notre
époque,
comportent
des
métaux
(or
et
argent),
des
émaux
(azur,
gueules,
sinople,
sable,
pourpre),
des
fourrures
(vair
et
hermine)
et
des
meubles
(sujets
ou
objets
divers)
dont
la
synthèse
doit
permettre
au
lecteur
d’identifier
aisément
le
sens
d’un
écu.
Le
premier
meuble
à
apparaître
dans
l’héraldique
du
Premier
Empire
est
l’aigle
impériale.
Les
aigles
grandioses
du
Sacre
furent
créées
par
Vivant
Denon,
dessinateur,
graveur,
directeur
des
beaux-arts,
qui
avait
accompagné
Bonaparte
en
Egypte
et
en
avait
ramené
un
ouvrage
important
qui
avait
révélé
aux
Français
l’art
égyptien.
Pour
cette
création,
il
s’inspira
des
aigles
romaines
de
Marius
et
de
Sylla.
Exclusivement
réservée
aux
membres
de
la
famille
impériale,
l’aigle
est
un
symbole
johannique
;
c’est
l’oiseau
supposé
capable
de
regarder
le
soleil
en
face
;
elle
est
ici
l’héritière
de
l’aigle
romaine
et
de
l’aigle
carolingienne.
Elle
tient
dans
ses
serres
le
foudre
de
Jupiter,
intermédiaire
entre
le
monde
manifesté
et
le
plérôme,
foudre
dont
Guénon
a
démontré
la
parenté
avec
le
signe
polaire
et
les
clés
des
grands
et
petits
mystères
dont
nous
reparlerons
bientôt.
Cette
aigle
entend
remplacer
les
aigles
bicéphales
russe
et
autrichienne,
image
l’une
et
l’autre
des
deux
diocèses
impériaux
de
Rome
et
de
Byzance,
symbole
de
l’autorité
spirituelle
et
de
l’autorité
temporelle,
aigles
bicéphales
que
l’on
retrouve
aux
30ème
et
33ème
degrés
de
l’écossisme,
et
dont
l’origine
remonte
à
la
plus
haute
antiquité
de
Sumer
et
de
l’Asie
Mineure
Dans
l’armorial
impérial,
je
n’ai
pas
rencontré
d’acacia.
Mais
voyez
ces
armes
de
Deval
de
Guymont.
Bien
sûr,
elles
se
lisent
:
d’or
à
la
bande
de
gueules
chargée
du
signe
des
chevaliers
légionnaires,
accompagnée
en
chef
d’une
grue
de
sable
et
en
pointe
d’un
mont
du
même
sommé
et
chargé
d’un
gui
de
sinople.
Ce
sont
des
armes
qu’on
dit
parlantes,
le
mont
avec
le
gui
évoquant
d’emblée
le
patronyme
de
Guymont.
Je
trouve
quand
même
que
cela
ressemble
étrangement
à
une
branche
d’acacia
poussant
sur
un
tertre
fraîchement
remué.
Et
puis,
il
y
a
cette
grue,
ou
ibis,
oiseau
égyptien
de
la
sagesse
qui
nettoie
la
terre
des
émanations
telluriques
néfastes
représentées
par
le
serpent
qu’elle
tient
souvent
dans
son
bec.
L’Egypte
exerce
une
grande
fascination
à
l’époque
et
la
société
de
pensée,
je
veux
parler
des
rites
égyptiens
de
la
maçonnerie,
importée
en
Europe
par
Cagliostro
et
les
frères
Bédarride,
rencontre
un
succès
phénoménal.
L’égyptomanie
précède
le
Concordat
signé
en
1801
avec
le
Pape
et
ses
mythes
se
construisent
sur
les
décombres
du
culte
de
la
déesse
Raison.
Le
bourdon
ou
bâton
de
pèlerin
distinguait
souvent
au
Moyen-Age
ceux
qui
avaient
effectué
un
pèlerinage.
L’Islam
a
perpétué
cette
distinction
dans
une
coiffure
spéciale
et
avec
le
titre
de
El
Hadj.
Celui
qui
a
mesuré
son
effort
à
l’aune
de
la
canne
de
marche
revient
changé
du
voyage.
Les
Compagnons
du
Tour
de
France
et
les
autres
le
savent
bien.
Le
bâton,
symbole
du
tuteur,
du
maître
indispensable
en
initiation,
est
signe
de
défense,
de
soutien,
de
guide.
Lorsqu’il
devient
sceptre,
il
est
symbole
de
commandement,
de
souveraineté
et
de
puissance.
Il
rappelle
aussi
le
bâton
de
Moïse
qui
deviendra
le
serpent
d’airain,
préfiguration
de
la
croix
rédemptrice.
Le
grade
de
Chevalier
du
Serpent
d’Airain,
grade
issu
du
système
des
Ecossais
Trinitaires
pratiqué
au
XVIIIème
siècle
et
incorporé
au
25ème
degré
du
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté,
y
fait
clairement
référence.
Ce
bâton
est
donc
aisément
adopté
auprès
des
membres
du
Conseil
qui
connaissent
bien
aussi
la
canne
du
maître
des
cérémonies.
Les
chaînes
héraldiques
les
plus
prestigieuses
sont
celles
de
Navarre,
disposées
en
escarboucle,
ornées
d’une
émeraude
en
hommage
à
la
Table
d’Emeraude
;
ces
chaînes
sont
bien
connues
dans
l’aire
de
civilisation
française
car
les
armes
de
Navarre
ont
été
longtemps
associées
à
la
France
royale,
la
même
dynastie
régnant
sur
les
deux
pays
indépendants.
Est-ce
leur
parenté
avec
la
chaîne
d’union
des
rituels
maçonniques
qui
fait
que,
curieusement,
l’ostracisme
dont
l’héraldique
napoléonienne
fait
preuve
à
l’égard
des
fleurs
de
lys
ne
s’applique
pas
aux
chaînes
?
La
chouette,
emblème
d’Athéna
et
dédiée
à
Minerve,
est
symbole
de
prudence,
de
sagesse
et
de
la
réflexion
qui
domine
les
ténèbres.
Oiseau
nocturne
en
relation
avec
la
lune,
elle
ne
peut
supporter
la
lumière
directe
du
soleil
et
donc
s’oppose
en
quelque
sorte
à
l’aigle.
Symbole
de
la
connaissance
rationnelle
(perception
par
reflet
de
la
lumière
lunaire),
elle
s’oppose
à
la
connaissance
intuitive
(perception
directe
de
la
lumière
solaire).
Elle
existait
dans
les
rituels
des
sociétés
de
pensée
du
siècle
des
Lumières.
Si
ce
n’est
pas
un
symbole
purement
maçonnique,
sa
capacité
à
discerner
la
sagesse
dans
les
ténèbres
en
fait
l’emblème
de
la
quête
initiatique.
Si
l’Eglise
a
renoncé
à
quelques
aspects
du
message
de
Saint
Jean,
elle
a
maintenu
en
héraldique
la
symbolique
des
clés
d’or
et
d’argent
qui
donnent
accès
aux
grands
et
petits
mystères.
Elles
ouvrent
les
portes
solsticiales.
La
contemplation
mystique
peut
donner
accès
à
la
clé
d’argent,
mais
seule
l’initiation
donne
accès
à
la
clé
d’or.
Dans
l’ambiance
des
loges
impériales,
le
21ème
grade
de
l’Ecossisme
s’appelle
Grand
Maître
de
la
Clef
;
on
le
nomme
aujourd’hui
plus
souvent
Noachite
ou
Chevalier
Prussien
;
on
retrouve
aussi
la
clé
au
7ème
degré,
Prévot
et
Juge,
mais
la
plus
connue
est
celle
du
Maître
Secret,
4ème
degré
du
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté.
Il
faut
savoir
que
les
hauts
grades
connaissent
un
usage
plus
dense
sous
l’Empire
que
lors
des
périodes
postérieures
parce
que
l’ennui
tenace
des
garnisons
générait
une
fréquentation
intensive
des
loges.
Notons
l’ambivalence
de
la
clé
qui
sert
à
la
fois
à
fermer
et
à
ouvrir.
Ces
deux
fonctions
conjuguées
rappellent
que
le
progrès
initiatique
ne
peut
se
réaliser
que
dans
le
secret.
Les
deux
colonnes
J
et
B
qui
ornent
l’entrée
de
nos
temples
décorent
aussi
certains
écus
napoléoniens.
Selon
l’Ancien
Testament,
leur
chapiteau
était
en
forme
de
grenade
;
grenade
que
nous
retrouverons
plus
loin.
Chacun
sait
que
ces
colonnes
sont
un
des
symboles
de
la
dualité,
de
même
que
le
pavé
mosaïque
qui
se
retrouve
en
héraldique
sous
forme
d’échiqueté
dans
nombre
d’écus.
Parmi
les
meubles
à
structure
verticale,
évoquant
un
axe,
à
côté
du
bâton
et
des
colonnes,
figurent
aussi
les
trois
piliers
sur
lesquels
repose
l’édifice
maçonnique.
Ils
ont
noms
:
Force,
Sagesse,
Beauté
;
Foi,
Espérance,
Charité
;
ou
encore
Connaissance,
Amour,
Action.
Remarquez
aussi
dans
ces
armes
des
Duhamel
la
présence
d’un
cèdre
du
Liban,
bien
connu
dans
le
Rite
Ecossais
Ancien
et
Accepté.
De
tous
les
meubles
de
l’héraldique
napoléonienne,
le
compas
traduit
probablement
de
la
manière
la
plus
évidente
l’apport
de
la
franc-maçonnerie.
L’apprenti
n’a
pas
accès
au
compas
;
le
compagnon
en
prend
connaissance,
mais
seul
le
maître
peut
le
manier.
Le
compas
pointes
en
haut
évoque
l’aventure
chevaleresque.
Le
chevalier
est,
lui
aussi,
un
maître
d’œuvre,
mais
son
action
part
de
la
terre
pour
atteindre
le
ciel.
Il
dévoile
ainsi
les
plans
divins
pour
introduire
l’harmonie
dans
la
société
des
hommes.
La
conscience
du
maître
est
ouverte
vers
le
ciel,
lieu
symbolique
où
naissent
les
principes
créateurs.
Pour
que
le
système
héraldique
de
l’Empire
se
soit
constitué
avec
autant
de
célérité
et
de
justesse,
c’est
que
le
Conseil
du
sceau
des
titres
fonctionnait
comme
une
loge
où
s’effectue
un
travail
collectif.
La
maçonnerie,
que
Napoléon
a
dirigée
par
personnes
interposées,
lui
a
été
utile
pour
réaliser
le
plus
fort
brassage
de
la
vieille
terre
européenne
jamais
effectué
par
un
chef.
Les
flagorneries
au
pouvoir
que
l’on
reproche
à
la
franc-maçonnerie
sous
l’Empire
ne
sont
que
l’expression
extérieure
d’un
travail
en
commun,
écrivait
l’auteur
anti-maçon
Marquès-Rivière
en
1941.
Le
coq,
symbole
solaire
que
nous
retrouvons
dans
nos
cabinets
de
réflexion,
emblème
de
vigilance
et
d’éveil,
annonce
l’avènement
de
la
lumière
initiatique
;
symbole
de
la
lumière
naissante,
il
est
un
attribut
particulier
d’Apollon,
le
héros
du
jour
qui
naît.
Socrate
rappelle
à
Criton,
avant
de
mourir,
de
sacrifier
un
coq
à
Asclépios
;
sans
doute
faut-il
voir
là
un
rôle
de
psychopompe
attribué
au
coq
:
il
allait
annoncer
dans
l’autre
monde
l’âme
du
défunt
et
l’y
conduire
;
elle
ouvrirait
alors
les
yeux
à
une
autre
lumière,
ce
qui
équivalait
à
une
nouvelle
naissance.
Le
coq
est
bien
sûr
en
bonne
place
dans
l’héraldique
napoléonienne.
On
le
rencontre
accompagné
d’un
livre
ouvert,
d’un
serpent,
tourné
vers
le
soleil
ou,
comme
ici,
une
étoile.
Le
créquier,
cerisier
sauvage
arraché,
stylisé
à
sept
branches,
évoque
toute
la
symbolique
du
nombre
sept
:
couleurs,
planètes
pythagoriciennes,
jours
de
la
semaine,
vertus,
arts
libéraux
etc.
Signalons
que
l’écossisme
lui
reconnaît
un
lien
avec
l’arbre
des
Séphiroth
de
la
Kabbale.
L’échelle
est
un
important
symbole
traditionnel.
Les
différents
aspects
de
son
symbolisme
se
ramènent
à
l’unique
problème
des
rapports
entre
le
ciel
et
la
terre.
On
la
représente
souvent,
comme
ici,
à
sept
échelons,
le
passage
de
la
terre
au
ciel
nécessitant
la
traversée
de
sept
étages
cosmiques
qui
sont
les
sept
sphères
planétaires
auxquelles
correspondent
les
sept
arts
libéraux
de
Dante.
Le
symbolisme
de
l’échelle
était
bien
connu
du
Frère
Cambacérès,
Souverain
Grand
Commandeur
du
Suprême
Conseil
de
France,
et
par
là,
titulaire
du
grade
de
Chevalier
Kadosh.
Savoir
gravir
les
degrés
de
l’échelle,
savoir
aussi
les
descendre,
tel
est
le
devoir
du
chevalier
qui
perçoit
les
lois
célestes
et
les
fait
respecter
sur
terre.
Remarquons
encore
que,
dans
cet
écu,
l’échelle
est
soutenue
par
deux
chiens.
Au
XVIIIème
siècle,
c’est
un
chien
qui,
dans
un
grade
d’Elu,
guide
Stolkin
vers
la
caverne.
Le
chien
est,
comme
l’étranger
conducteur,
le
symbole
de
l’intuition,
cette
force
qui
sait
ce
que
nous
ne
faisons
que
pressentir.
L’épée
est
un
des
meubles
les
plus
répandus
de
l’héraldique
impériale.
Elle
orne
toujours
les
francs-quartiers
des
comtes
et
barons
militaires.
Symbole
du
Verbe,
elle
évoque
la
puissance
de
la
parole.
La
référence
maçonnique
flagrante
correspond
à
l’usage
rituélique
des
épées
en
loge
:
épées
de
certains
officiers,
épées
brandies
vers
le
profane
lors
des
initiations,
épées
servant
à
la
consécration
ou
à
l’investiture
ou,
comme
ici,
épées
de
la
voûte
d’acier.
J’ai
rencontré
l’équerre
dans
deux
ou
trois
blasons
de
cette
époque.
Je
ne
m’étendrai
pas
sur
son
symbolisme
qui
est
bien
connu.
Remarquons
simplement
que
les
dessinateurs
les
ont
dessinées
comme
les
équerres
d’écolier,
à
savoir
sous
la
forme
d’un
triangle
rectangle
évidé.
Mais
on
peut
aussi
considérer
comme
des
équerres
les
chevrons
alaisés
ou
non
qui
ornent
bon
nombre
d’écus.
L’étoile,
-et
je
parle
ici
de
l’étoile
à
cinq
branches,
la
plus
courante
en
héraldique-,
est
également
très
présente.
Sa
signification
supra
humaine
nous
est
décrite
par
le
fameux
dessin
de
Léonard
de
Vinci
qui
y
inclus
un
homme
bras
et
jambes
écartés.
Dans
cette
étoile
s’inscrit
l’Homme
Intégral
;
l’étoile
exprime
la
puissance
faite
de
la
synthèse
des
forces
complémentaires,
l’union
féconde
des
principes
masculin
et
féminin
(3
+
2).
L’Homme
Universel
n’est
pas
l’homme
individuel
mais
le
grand
corps
cosmique.
Les
pièces
honorables
de
l’héraldique
sont
ses
membres
;
le
blason
lui-même
est
son
symbole.
Par
la
règle,
l’Homme
Universel
révèle
la
mesure
de
toute
chose.
Dans
la
symbolique
militaire,
les
étoiles
marquent
le
grade
de
général.
Quoi
d’étonnant
quand
on
sait
que
plus
de
400
généraux
furent
initiés
de
1792
à
1814.
L’étoile
héraldique
napoléonienne
rend
sa
dimension
prophétique
à
celle
des
rois
mages
par
sa
position
souvent
centrale
dans
l’écu
qui
confirme
sa
vocation
axiale
et
polaire.
On
la
rencontre
seule
ou
en
groupes
de
deux
à
douze,
accompagnée
d’autres
meubles
tels
que
croissants,
serpents,
balances
etc.
Une
de
celles
figurant
dans
les
armes
de
la
famille
Delarue
de
la
Gréardière
est
même
remarquablement
flamboyante.
La
faux,
instrument
agricole
et
symbole
de
mort
que
l’on
rencontre
dessiné
derrière
le
sablier
dans
bien
des
cabinets
de
réflexion,
recoupe
la
parabole
de
la
moisson
et
évoque
le
grain
qui
meurt
pour
donner
la
vie.
Le
meuble,
fait
de
deux
mains
jointes,
ou,
si
vous
préférez,
de
deux
mains
unies,
se
nomme
foi
en
héraldique.
Les
mains
jouent
un
rôle
particulier
dans
l’Ordre
maçonnique.
C’est
par
elles
que
se
transmettent
les
attouchements.
Ainsi
enlacées,
elles
évoquent
l’union
qui
règne
entre
les
maçons
et
la
foi
ou
la
fidélité
qui
les
unit.
Elles
sont
également
symbole
de
solidarité
dans
la
quête
initiatique.
La
fontaine,
qu’on
retrouve
sous
forme
de
source
au
grade
d’Elu
des
Neuf,
évoque
la
fontaine
de
vie
ou
d’immortalité.
C’est
une
fontaine
d’eau
vive
qui
occupe
le
centre
du
Paradis
terrestre
;
elle
représente
l’éternel
jaillissement
de
la
connaissance
pure
et
dispense
l’eau
de
la
purification.
Dans
les
mondes
anciens,
la
fontaine
est
le
centre
indispensable
de
toute
construction.
Combien
juste,
-
et
à
double
titre-,
est
la
présence
d’une
fontaine
dans
les
armes
du
comte
Jean-Pierre-Louis
Fontanes,
ancien
président
du
Corps
législatif
et
Grand
Maître
de
l’Université.
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