Parti en 1805 pour l'armée de Moravie avec son frère Ernest, il ne prend part
à aucun combat, la bataille d'Austerlitz ayant terminé trop promptement la
campagne. En février 1806, il rentre donc à Cobourg pour y reprendre ses études.
En octobre de la même année, les troupes françaises, engagées contre les
Prussiens, prennent leurs cantonnements dans la région de Cobourg. Léopold, avec
le duc François et la duchesse Augusta, et sa sour Sophie, comtesse de
Mensdorf-Pouilly, se sont retirés dans la citadelle de Saalfeld. Son frère
Ernest est au quartier général du roi de Prusse et Ferdinand est au service de
l'empereur d'Autriche. Situation délicate donc pour Cobourg qui est cependant
sauvegardée par l'intervention du vieux maréchal Frédéric-Josias auprès du
maréchal Augereau. Suite au combat de Saalfeld et aux batailles d'Iéna et Auerstadt, les
Français, qui s'étaient emparés de la citadelle de Saalfeld, réduisent la
population et la famille ducale à une profonde détresse. Le duché est rattaché
au cercle de Naumbourg et frappé d'une contribution de près d'un million de
francs.
Le duc François, très malade, négociera l'adhésion du duché à la nouvelle
Confédération du Rhin. Il mourra quelques jours avant la signature du traité de
Posen (15 décembre 1806). Le nouveau duc, Ernest, frère aîné de Léopold, se trouve alors malade du
typhus au quartier général du roi de Prusse à Koenigsberg. Napoléon, apprenant
ce séjour dans le camp prussien, met le duché sous séquestre.
C'est alors que Léopold rejoint son frère Ernest de l'autre côté du
Niémen.
Après la bataille de Friedlandt, l'article 3 du traité de Tilsit, à
l'intervention du tsar Alexandre et du roi de Saxe, remet le duc Ernest en
possession du duché. Il rentre solennellement à Cobourg en compagnie de Léopold
le 28 juillet 1807. Le pays est ruiné, dans un état déplorable. Napoléon ayant promis au duc des
indemnités, et celles-ci se faisant attendre, il se rend avec Léopold à Paris
dans le but d'y rencontrer l'Empereur. En l'absence de celui-ci, ils sont
aimablement reçus par l'impératrice Joséphine et deviennent des habitués de La
Malmaison.
Mademoiselle Ducray, dans ses " Mémoires sur l'Impératrice Joséphine ", nous
dit que " le prince Léopold était alors fort jeune, beau et d'une timidité
excessive. Son caractère était doux. Le voyant tous les jours, je fus à même de
juger de la simplicité de ses manières. Il semblait avoir bien plus les qualités
d'un bon bourgeois que celles d'un homme appelé à gouverner les
autres ". Napoléon les reçoit tous deux à son retour à Paris. Le refus de Léopold à
s'attacher à lui comme aide de camp sera sans doute une des causes que
l'Empereur restera su des promesses vagues. De retour à Cobourg, Ernest confie à Léopold l'administration du duché
pendant qu'il se rend à Saint-Pétersbourg.
Présent à Erfurt lors de la célèbre entrevue entre Napoléon et Alexandre,
Léopold ne peut, pas davantage qu'à Paris, obtenir d'amélioration dans la
situation du duché. Napoléon se méfie de cette famille dont les membres servent
dans les armées russes et autrichiennes. Il dira au prince Kourakine, qui
intervenait en faveur des Cobourg : " Je n'accorderai aucune indemnité au Duc
parce que je trouve partout le nom de Cobourg dans les rangs de mes ennemis. "
Et il exige que Léopold quitte le service du tsar, ce qu'il fait, à regret, par
nécessité politique.
Quand en 1809 la guerre éclate avec l'Autriche, quatre cents soldats
cobourgeois sont contraints à combattre au Tyrol. La paix est signée le 14
octobre 1809, mais avec l'Autriche seulement, et les soldats cobourgeois ne sont
pas renvoyés dans leurs foyers ; ils doivent aller combattre en Espagne.
En 1810, envoyé à nouveau à Paris pour y plaider la cause du duché et de ses
soldats, Léopold n'y rencontre pas davantage de succès que précédemment.
Napoléon s'obstinait à vouloir qu'il serve dans ses armées, Léopold, fidèle à
son attachement au tsar, persistait dans son refus.
Ayant réglé favorablement des différents territoriaux avec la Bavière,
Léopold se rend ensuite en Autriche, sous la pression de Napoléon, pour y
solliciter l'acceptation, par l'empereur François, de la démission de son frère
Ferdinand du service autrichien, avec conservation de son grade et de son
ancienneté.
Fin 1811, prévoyant déjà la chute de Napoléon, il charge sa sour, duchesse de
Wurtemberg, de demander au tsar de lui conserver son grade de façon à reprendre
son service à la première occasion. Ce qui est volontiers accepté par
Alexandre.
En 1812, pour éviter d'avoir à répondre à un nouvel appel de Napoléon à
servir dans ses armées, Léopold effectue un voyage détudes en Italie, en
Autriche et en Bavière.
Dès l'annonce des désastres français en Russie, les princes de Cobourg
montrent les sentiments patriotiques les plus exaltés et tentent de reformer une
coalition des princes allemands contre Napoléon.
En mars 1813, Lépold est à Breslau, près du roi de Prusse qui, le 17, lance
son célèbre appel à son peuple. Il part ensuite pour Kalisch, en Pologne, pour y
rencontrer Alexandre qui le nomme aussitôt colonel du régiment des cuirassiers
de l'Impératrice Marie Féodorovna. Après la bataille de Lutzen, le corps d'armée de Miloradovitch, duquel fait
partie le régiment des cuirassiers de la garde, couvre la retraite des Alliés. A
Leinbach, Léopold charge à la tête de ses cuirassiers l'infanterie française
qu'il oblige à s'arrêter et à se former en carrés.
Le 4 juin 1813, l'armistice est signé à Pleiswitz. Léopold voudrait voir le
tsar et le roi de Prusse à Opochino pour y parler de ses affaires, mais il en
est empêché par la maladie. . il part ensuite retrouver son frère Ernest à
Carlsbad. Mi-août, faute d'arrengement, le congrès de Prague est dissout et les
hostilités reprennent. Le 26 août, Léopold, qui avait été envoyé avec six escadrons de cuirassiers
pour soutenir le prince de Wurtemberg face au général Vandamme, se rue en fin de
journée sur les Français et les refoule par des charges successives qui déciment
ses hommes mais permettent aux Russes de reprendre possession de leur artillerie
momentanément perdue. Le comte Osterman Tokstoï, qui avait pris le commandement du 2ème
corps russe, en confie toute la cavalerie (hussards de la garde, cuirassiers de
l'Impératrice, uhlans tartares, hussards de Lubno et cosaques Islowaisky) au
général-major Léopold. Le 28, celui-ci, avec sa cavalerie et une batterie à cheval, forme
l'arrière-garde russe dont il assume le commandement. Le lendemain, Vandamme se
lance à leur poursuite.
A Peterswalde, les cuirassiers de l'Impératrice se distinguent en refoulant
les troupes françaises qui pressaient le corps russe. Dans l'après-midi de ce 29 août, le prince Léopold se distingue encore dans
des charges meurtrières autour de Priesten, permettant à Schwartzenberg,
généralissime de l'armée de Bohème, d'arriver dans les plaines de Kulm.
Au cours de la matinée du 30, la cavalerie de Léopold s'oppose à la brigade
française du général Dunesme. Vers 10 heures, un tumulte se produit sur les
arrières de l'armée française. C'est le général von Kleist qui la prend à
revers. Vandamme est enfermé et doit, pour se dégager, déblayer la chaussée de
Peterswalde. Mais les Français sont bientôt obligés de mettre bas les armes après que les
brigades Cobourg et Abele, le régiment d'Argenteau et la division Bianchi se
soient emparés de Kulm et de Scande. Les généraux Vandamme et Haxo, avec 7.000
de leurs hommes, sont faits prisonniers.
Pour son action pendant ces journées, le prince Léopold recevra la
3ème classe de l'Ordre russe de Saint Georges et la Croix prussienne
de Kulm.
Le 1 septembre 1813, la loge maçonnique de L'Espérance, à Berne, répondant
favorablement au désir exprimé par le prince Léopold de Saxe-Cobourg d'être reçu
franc-maçon, et considérant qu'à l'armée, il est en un lieu où ne se trouvent
pas de loges régulières, autorise le frère de Schifferlin, médecin et conseiller
à la Cour de Russie, à procéder à sa réception solennelle dans l'Ordre. La loge
bernoise autorisera, le 9 décembre 1813, dans les mêmes conditions, de
Schifferlin à initier le prince aux 2ème et 3ème grades de
la maçonnerie symbolique. Après de longues marches et contre-marches, les armées belligérantes se
retrouvent dans les plaines de Leipzig.A Connewitz, le prince Léopold se distingue une nouvelle fois à la tête de sa
cavalerie dans un combat qui précède la bataille des Nations.
Après celle-ci, pendant la marche vers le Rhin, il commande la
2ème brigade de la 1ère division des cuirassiers de la
garde (régiments de l'Empereur et de l'Impératrice), puis il passe une partie du
mois de janvier à Berne qu'il quitte bientôt pour reprendre son
commandement.
La campagne de France est ouverte et déjà plusieurs batailles ont lieu :
Brienne, La Rothière, Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauxchamps,
Arcis-sur-Aube. Les cuisarriers de la garde russe forment réserve et ne
combattent pas ; Léopold suit tout cela, ainsi qu'il l'écrira, " un peu en
amateur ". A La Fère-Champenoise, cependant, là où les Alliés battront les maréchaux
Marmont et Mortier, il s'emparera, avec ses cuirassiers, de trois canons
français. A la fois pour la bataille de Kulm et celle de Fère-Champenoise, il recevra
de l'empereur d'Autriche la croix de l'Ordre de Marie-Thérèse, et pour sa
participation aux campagnes de 1813 1814, la terre et le château d'Holkirchen.
De même, le tsar le nommera, le 28 octobre 1814, lieutenant général commandant
la 1ère division de lanciers. Ce seront encore les cuirassiers de Léopold qui escorteront le tsar, le roi
de Prusse, le Grand Duc Constantin et le prince de Schwarzenberg lors de leur
entrée triomphale à Paris.
Au cours de son séjour dans cette capitale, le prince Léopold s'occupera,
outre du service, des affaires du duché de Cobourg. Se souvenant de l'accueil que l'Impératrice lui avait réservé en 1807, il
passe en compagnie de Joséphine et de la Reine Hortense, la journée du 16 avril
à La Malmaison. Il y dînera encore le 25 en compagnie du tsar auprès de qui il
interviendra en leur faveur. Le 29 mai suivant, l'impératrice Joséphine meurt. Léopold ecrit à sa sour
Sophie : " Ma pauvre Joséphine qui, il y a quelques jours, était fraîche et
assez heureuse, est morte en un temps incompréhensiblement court par suite d'une
inflammation de la gorge ". Le prince Léopold continue par ailleurs de défendre les intérêts de son frère
et du duché de Cobourg, mais ses démarches n'obtiennent guère de succès.
Les discussions politiques continuaient à aller bon train.
Lord Castlereagh ayant annoncé les fiançailles de la princesse héritière de
Grande Bretagne Charlotte (qui pourtant n'en voulait pas) avec le prince
d'orange, cette disposition fut froidement accueillie par le tsar qui résolut
d'opposer au prince d'Orange le prince de Saxe Cobourg.
Alexandre emmène donc avec lui Léopold à Londres, mais nous sortirions des
limites de notre sujet en évoquant ici davantage les évènements londoniens
relatifs aux relations de Léopold avec la princesse Charlotte. Début novembre 1814, on retrouve Léopold à Vienne où " le Congrès danse " et
où les affaires du duché de Cobourg sont dans une situation fort critique.
C'est dans la soirée du 12 mars 1815 qu'arrive à Vienne la nouvelle du
débarquement de Napoléon à Golfe Juan. Placé à la tête d'une brigade de
cuirassiers, le prince Léopold atteint la frontière française en juillet, après
Waterloo. Il obtiendra du tsar l'autorisation de se rendre à Paris où il passera
l'automne de 1815.
Un semblant de nouvel ordre des choses régnait sur l'Europe, en attendant les
révolutions prochaines dont l'une apporterait un trône au prince de
Saxe-Cobourg.