Des Leclercqz aux Declercq...

Situation socio-économique

 par Jacques Declercq  

Fleurus 2000

 


Situation socio-économique.

Dans les villages, l'immense majorité des bras était jadis consacrée au travail de la terre, et les quelques individus adonnés au négoce ou à un métier manuel conduisaient souvent une culture concurremment avec leurs occupations professionnelles. Plusieurs générations de Declercq seront dans ce cas, tels Guillaume, Jean-Maximilien, Conrard, Louis et quelques autres.

La rareté des documents conservés ne permet pas de tirer des conclusions certaines sur la participation des Leclercq ou Declercq à des fonctions administratives ou à la chose publique sous l'Ancien Régime Le patronyme ne figure pas dans les listes des maïeurs et échevins que l'on possède de cette période.

On sait que Guillaume sera fermier du droit de chausséage de 1734 à 1737 . En 1769, la veuve de Maximilien-Emmanuel se portera adjudicatrice de la levée de la dîme d'un canton d'Acren au profit de l'Abbaye de Ghislenghien . Jean-Maximilien sera homme de fief sur plume du comté de Hainaut en 1791.  Il faudra attendre la Révolution Française pour voir Louis Declercq être nommé agent municipal. Son petit-fils Louis sera bourgmestre de Mevergnies, un fils de ce dernier, Philippe, sera bourgmestre d'Attre et un petit-fils de ce même Louis, Florent, sera bourgmestre de Chièvres. A la fin du XIX° siècle, Jules-César-Emile-Aimé est cité comme avocat puis juge de paix à Flobecq. Tous appartiennent à la branche aînée, celle de Guillaume.

On notera aussi, dans la deuxième branche de Lessines, le poste de conseiller communal catholique occupé par Clément, le « Blanc d'el Princesse » et l'activité politique libérale de Camille Declercq en compagnie du mayeur Cauchie à Deux-Acren.

Aux XIX° et XX° siècles, il convient de signaler que la fonction de garde-champêtre fut occupée par quatre Declercq: Séraphin (1800-1858), Augustin-Joseph (1832-1865), Joseph (1844-1925) et son fils Emile. D'autres descendants de Joseph persévéreront dans la carrière policière: Fernand (1881-1955), Joseph (1902-1972), Marcel (1905-1997) et Claude (1946- ).

C'est encore dans la branche de Guillaume que se concentreront des activités de type industriel. Guillaume lui-même s'occupe de travaux publics et de transports de même que son petit-fils Louis. Jean-Maximilien et sa postérité développeront avec succès les poteries à Rebaix; la descendance de Louis se lancera dans l'exploitation des carrières à Mevergnies.

Cette branche aînée sera sans doute la plus prospère et c'est en son sein que l'on trouvera des ecclésiastiques: Edmond-Auguste-Joseph et Augustin-Adolphe. Cependant, il faut remarquer qu'il y aura également parmi les Declercq issus des Acren, aux XIX° et XX° siècles, des tenants de la laïcité et des francs-maçons.

Il y eut très peu de militaires de carrière parmi les Declercq: citons simplement Emile-Louis-Alexandre et Fernand.

Au cours des siècles, les Declercq ont exercé des activités agricoles et connexes. Dans le plat pays, l'assolement triennal était de pratique courante (blé ou seigle, marsages, jachère). Au cours des siècles, l'étendue des exploitations s'était graduellement réduite et le rendement était médiocre. Le paysan disposait heureusement d'un courtil où il cultivait pour son usage des légumes, des oléoagineux, des féculents, des fruits, du lin, et où il élevait de la volaille, parfois un porc ou une vache. A partir de la seconde moitié du XIX° siècle, l'agriculture allait régresser. Ainsi, pour tout le Hainaut, elle qui occupait plus de 40% de la population en 1856 n'en occuperait plus que 11% en 1910.  Ce recul, joint au développement des carrières à Lessines provoquera l'installation dans cette ville de deux fils d'Augustin Declercq: Charles-Joseph et Louis-Joseph, qui y feront souche.

Bon nombre de Declercq furent qualifiés, au XVIII° et au début du XIX° siècles, de tisserands. Leurs épouses et leurs filles seront souvent fileuses.

On sait que les toiles de la Châtellenie d'Ath, et parmi elles, celles des Acren, étaient réputées.  Dans les années 1755-1756, la rivalité entre les marchés de Lessines et d'Ath provoquèrent des menaces de la part des marchands de toile de cette dernière ville envers les tisserands de ne plus acheter leurs marchandises s'ils les portaient au marché de Lessines.  En général, d'après Pirenne , le tisserand se pourvoyait de fil à ses frais. La toile tissée était immédiatement portée au marché et sa vente lui permettait de se procurer une nouvelle quantité de fil. Il vivait au jour le jour et ne se soutenait que par un labeur sans trêve, devant se contenter de la plus faible rémunération. Sa journée commençait en été à 4 heures du matin pour s'achever à 9 heures du soir. « Il n'y a pas de gens plus misérables au monde ». En temps de chômage, il n'avait d'autre ressource que de se louer comme ouvrier agricole. A ses rares moments de loisir, il cultivait l'une ou l'autre parcelle de terre qui entourait sa chaumière.

Le filage et le tissage se pratiquaient ainsi partout. Ce travail à domicile permettait aux habitants pauvres de se maintenir dans les campagnes malgré qu'ils ne pussent trouver, dans la pratique de l'agriculture, les ressources nécessaires à leur existence, soit que le lopin de terre dont ils disposaient fut trop petit, soit que les salaires agricoles fussent trop bas.

Sous le règne de Napoléon, qui fut, grâce au blocus continental, l'âge d'or pour bien des tisserands, on en dénombrera à Deux-Acren soixante-trois en 1809 et 52 en 1813.

Le régime hollandais allait être moins favorable, et les années 1816, 1817 et 1818 furent très mauvaises; cette crise annonçait celle consécutive à l'industrialisation et la disparition des tisserands à domicile; la mécanisation allait substituer le travail mécanique à la main d'oeuvre humaine dans la fabrication des toiles.

Le mode de vie des habitants des campagnes était bien sûr fonction de leur richesse et a peu varié jusqu'au XIX° siècle.

Si l'on se réfère à la situation existant entre Senne et Dendre, qui doit être assez proche de celle qui nous occupe ici, les femmes portaient jupe et jaquette de laine ou de coton sur une chemise de toile de lin et disposaient d'un large et long manteau noir à capuchon. Les hommes avaient des chemises de toile de lin avec veste, pantalon et parfois gilet de futaine ou de drap, ou plus tard, casquette de toile noire et sarraus de toile bleue.

Les membres d'une même famille mangeaient au même plat et buvaient au même verre. Dans les censes plus importantes, le dîner était servi dans un grand plat de terre cuite autour duquel de réunissaient les journaliers et les gens de service; tous, munis de fourchettes ou de couteaux, y piquaient un morceau à tour de rôle. Le pain, les pommes de terre, les légumes et le lait constituèrent longtemps les éléments principaux de l'alimentation.

Chez les journaliers et les petits cultivateurs, on buvait de l'eau, sauf pendant la saison chaude qui coïncide avec la période de fort travail aux champs. On consommait alors de la bière légère. Dans les fermes, cette boisson était servie toute l'année au personnel à chacun des repas principaux. Cette bière était généralement fabriquée par des brasseurs locaux - Conrard Leclercq fut l'un d'eux - au moyen de matières premières livrées par les cultivateurs.


 
 
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