Des Leclercqz aux Declercq...

L'origine des noms

 par Jacques Declercq  

Fleurus 2000

 


  De l'origine du nom.

Le nom provient du latin clericus, désignant une personne jouissant du privilège de clergie. On le retrouve avec l'article (Le Clercq, Leclercq) d'une manière fréquente dans le nord et le nord ouest de la France et dans la Belgique romane. La forme méridionale est Clergue (dans le sud ouest) ou Clerque. Comme dérivés, on connaît Clergeon, Clerjout, Clergel, Clairgeault, Clerget et Clerginet. En Italie et en Corse, on trouve Clerici ou, sous une variante populaire, Chierici.

Il semble que Saint Jérôme ait inventé ce mot vers 410 dans sa traduction de la Bible grecque pour rendre le mot grec klèrikos (à deux significations: l'une ancienne, "concernant un héritage", l'autre plus récente, "en rapport avec le clergé, clérical"), lui-même dérivé du substantif attique klèros signifiant ce qui est désigné par le tirage au sort, un lot, une portion, et formé sur la racine indo-européenne qal ou qel (couper, trancher).

Le nom est un nom de fonction désignant un greffier, un commis aux écritures,un étudiant, un instituteur, un savant, des gens d'église.

La fonction exercée par les clercs a varié dans le temps: vers 1150, c'est "avoir reçu les ordinations religieuses et subi la tonsure"; vers 1200, c'est "savoir lire et écrire et s'occuper de recherche scientifique; en 1275, il s'agit de "transmettre la science à d'autres" et enfin, vers 1300, de "faire de ses capacités de lire et d'écrire son métier".

Il peut également s'agir d'un nom de lieu: la commune de Clerques dans le Pas-de-Calais ou celle de Klerken en Flandre Occidentale, mais cette origine semble peu probable.

En Belgique, le patronyme se retrouve soit sous la forme romane Leclercq soit sous la forme flamande Deklerck avec de nombreuses variantes: Decler(c)que, De Clerck, Declerc, Declerck, Declerk, Deklerck, De Klerck, Deklerk, Leclerc, Le Clerc, Leclerck, Leclercq, Leclerque, Leclercqz, Lecler, Lecleir, Leclair (peut avoir une autre origine), Leclaircq, Leclairq etc.

Balduinus Clericus est "maior de Auelghem" en 1163 et 1177.

Jehan Le Clercq, d'Aubechies, avait épousé une fille de Bauduin d'Anvaing, qui décède avant 1235.

Jehan Leclerc vit à Ypres en 1290; Linars li Clers à Namur en 1294; Bauduin le Clercq à Ath en 1417; un Vincent le Clercq émigre en Suède dans les années 1625.

Si on se limite, dans la province de Hainaut, à une période antérieure au XVI° siècle, on trouve, dans une étude d'Emile Prud'Homme : Eustache li Clers, échevin de Marche-lez-Ecaussinnes en 1276; Wautiers li Clers, échevin d'Ormeignies et Bétissart en 1302; Hues li Clers, échevin de Nimy-Maisières en 1303; Colars li Clercq, échevin de la seigneurie d'Enghien à Ecaussines d'Enghien en 1308; Jehan li Clerc, mayeur de Binche en 1314; Jehan le Clercq, échevin de Gibecq en 1331; Jehan li Clers, échevin d'Ellezelles en 1350; Jakemars li Clers, échevin de la seigneurie de l'Aumône à Horrues en 1358; Jehan li Clers, échevin de Roisin en 1380; Pirars li Clers, échevin de la seigneurie de Jauche à Villers-Saint-Amand en 1403; Colars li Clercs, maire du personnat de Sainte Aldegonde à Ecaussinnes d'Enghien en 1411; Jakemart le Clercq, dit Simon, mayeur de la seigneurie de Boustaine à Merbes-le-Château en 1461; Mahieu le Clercq, échevin de Ghlin en 1470; Léon le Clerc, échevin d'Angreau en 1473; Grart le Clercq, mayeur de la seigneurie d'Aymerie à Gages en 1480, Jehan le Clercqs, seigneur du Hamel à Haulchin; et Rolland le Clercq, juge cottier de la seigneurie de Galhoult à Hérinnes.

Gérard Le Clercq signe comme échevin de Bois-de-Lessines le 14/12/1453.

Nous trouverons les premiers Le Clercq cités aux Acren dès 1444.

En ce qui concerne la fréquence du patronyme et de ses dérivés, Herbillon et Germain ont dressé des tableaux d'où nous extrayons ce qui suit pour 1987: parmi les cent noms les plus fréquents en Belgique, De Clercq arrive à la 23° place (10.392) (19° en région flamande), Leclercq à la 38° (7.958) (6° en région wallonne) et Declercq à la 51° (6.965) (55° en région flamande).

Aux Acren, on retrouve diverses graphies du nom sous l'Ancien Régime: Declerc, Leclerq, Declercq, Leclercq, Declercqz, Leclercqz (qu'il conviendrait plutôt d'écrire Declercque et Leclercque) et Declerck. Un même personnage était parfois nommé  tantôt d'une manière, tantôt d'une autre. Dans l'acte de mariage Lippens - Declercq du 12/02/1725, Catherine signe Declercq, tandis que son frère Michel signe Leclercq.

Le tableau ci-dessous, dressé d'après les tables des registres paroissiaux,  donne les diverses graphies rencontrées, les périodes couvertes et leur fréquence.

Signalons que les deux villages d'Acren eurent jusqu'à récemment une population majoritairement francophone avec une importante minorité flamande. Rien d'étonnant alors à ce que l'on rencontre à la fois les formes romanes et flamandes du patronyme.


 
 
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