Petites notes d'Histoire Locale

Jacques Declercq

Autour de Jean-Baptiste Taintenier, dernier seigneur de Grand Acren.

- Fleurus - Mars 2001 -

 Jean-Baptiste Taintenier, dernier seigneur de Grand Acren.

Par son mariage en 1775 avec Marie P. A. d'Hostel, dame d'Acren, Jean-Baptiste Taintenier faisait entrer dans sa famille la seigneurie d'Acren-Saint-Martin, dont il allait être le dernier titulaire.

Solide famille de bourgeoisie marchande spécialisée dans l’impression des toiles , la famille Taintenier était originaire du pays d'Ath et nombre de ses membres exerceront des fonctions dans l'ordre judiciaire et dans la magistrature communale ou acteront comme hommes de fief sur plume de la Cour Féodale de Hainaut.

Par ailleurs, plusieurs filles de la famille s'allièrent à des militaires au service de l'Autriche ou de la France au cours du XVIII° siècle ou en eurent dans leur descendance.

Jean-Baptiste Taintenier, né à Gand  et baptisé à Saint-Bavon le 23 janvier 1751, était le fils de Nicolas-Joseph, né à Ath le 27 septembre 1717, et de Catherine-Joseph Pharazyn, née à Gand le 15 juin 1718.

Son grand-père, Jean-Baptiste-Joseph, né à Ath le 13 mars 1668 y avait épousé le 7 janvier 1717 Marie-Jacqueline Stocquart, également née à Ath. Ce couple avait eu, à côté de leur fils aîné Nicolas-Joseph (1717 - 1778) que nous retrouverons bientôt, Philippe-Joseph, (1720 - 1800), licencié ès-lois, greffier de la ville et châtellenie d'Ath, intendant des orphelins de la ville, qui épouse Marie-Catherine-Joseph de le Court ou Delcourt; Anne-Thérèse-Joseph (1722 - ?) qui épouse en 1746  Pierre de Scovaud (Descauvau dans l'acte de mariage) de la Bastide, né à Avignon en 1702, major au régiment des arquebusiers de Grassin, lieutenant du roi à Ath sous l'occupation française, chevalier de Saint-Louis , fils de Pierre qui était décédé à la Bastide de Saint-Barthélémy de la Perche, dans le diocèse d'Avignon;  Marie-Elisabeth  ( 1724 - + Carcassonne) qui épouse Jean-Antoine de Foucau, capitaine au régiment Royal Dragons au service de France , fils d'André et d'Elisabeth de Saint-Martin; Jacques-Augustin ( 1727 - 1785), licencié ès-lois, avocat à la Cour de Mons, échevin de la ville de Mons, qui épouse Marie-Madeleine-Thérèse de Cassaignard, fille de Germain, capitaine au régiment de Ligne, descendante du peintre David Teniers ; François-Joseph ( 1729 - 1776), échevin d'Ath à diverses reprises, auteur d'un Traité sur la mendicité, avec les projets de règlements propres à l'empêcher dans les villes et les villages, dédié à Messieurs les officiers de police et de justice (1774) et de divers mémoires adressés aux Etats de Hainaut tel son Mémoire sur l'économie politique en général et plus particulièrement du Haynau  ; Marie-Agnès (1730 - 1799) qui épouse François-Ignace-Julien-Alexandre Waltar; Jean-Baptiste-Emmanuel-Ferdinand-Joseph (1737 - 1808), greffier du bailliage et de la châtellenie d'Ath, échevin d'Ath en 1789, qui épouse en premières noces Jeanne-Agnès L'Olivier , et en secondes noces, sa nièce, Marie-Thérèse-Philippine Taintenier (descendance des deux mariages à Ath); enfin, Jean-Baptiste-Joseph ( 1740 - ?), qui épousera Claudine-Joséphine-Thérèse Waltar, dont descendance à Ath.

Nicolas-Joseph Taintenier, fils aîné de Jean-Baptiste-Joseph, naquit à Ath le 27 septembre 1717. Licencié ès-lois et avocat à la cour de Mons, il épouse à Gand (Saint-Michel) le 25 novembre 1744 Catherine-Joséphine Pharazyn, née à Gand le 15 juin 1718, fille de Pierre et Thérèse Daneau.

En août 1764, Nicolas-Joseph sera, avec son frère Jacques-Augustin, anobli par l'impératrice Marie-Thérèse en considération de l'ancienneté de la famille, de l'état de décence dans lequel elle s'est toujours soutenue et des différentes alliances nobles qu'elle a faites.

Nicolas-Joseph sera seigneur de la Harpe et grand bailli de Deinze et de Peteghem; il mourra à Wanneghem, dans la châtellenie de Courtrai, le 28 décembre 1778.

Le couple Taintenier-Pharazyn aura à Gand sept enfants, tous baptisés à Saint-Bavon: Julie-Catherine-Josèphe, née le 17 janvier 1746 qui sera congrégationniste de la Sainte-Vierge chez les Ursulines à Mons en 1761 ; Nicolas-Jacques-Joseph-Auguste, né le 20 octobre 1748, licencié ès-lois, seigneur de la Harpe, échevin de la Keure de Gand en 1778, qui épouse à Wanneghem le 16 avril 1779 Elisabeth-Thérèse Davis, d'origine anglaise ; Jean-Baptiste-Thérèse-Joseph, né le 23 janvier 1751, seigneur de Grand-Acren; Françoise-Marie-Thérèse-Joseph (1753 - 1767); Catherine-Marie-Thérèse-Joseph, née le 19 mai 1756; Thérèse-Amélie-Antoinette-Joseph née le 12 juin 1762, qui épouse à Pamele (Audenarde) François-Jacques-Arnould Bowens, (Ostende 1741 - Brême 1802), directeur des postes à Ostende, fils de l'échevin d'Ostende Jacques-François Bowens; Philippe-Charles-Alexandre-Joseph, décédé à Gand le 8 mars 1767.

Le troisième enfant de Nicolas-Joseph, Jean-Baptiste-Thérèse-Joseph naît donc à Gand où il est baptisé à Saint-Bavon le 23 janvier 1751. Il est également, comme la plupart des hommes de sa famille, licencié ès-lois. Le 2 mai 1775, il épouse à Acren-Saint-Martin Marie-Pétronille-Alexandrine d'Hostel, baronne de Warluzel et dame de Grand-Acren, où elle était née le 16 janvier 1739, troisième fille de Charles-Joseph d'Hostel et d'Anne-Claire-Marie-Madeleine Bollaert.

Charles-Joseph d'Hostel avait hérité la seigneurie de Grand Acren de sa mère, Antoinette-Isabelle de Croix qui l'avait achetée aux de Gavre de Liedekerke; il avait été adopté en 1676 par son grand-oncle maternel, Antoine-Médart de Warluzel , adoption qui allait être confirmée par lettres-patentes de l'empereur Charles VI en 1702. A sa mort, la seigneurie fut dévolue à sa fille aînée, Marie-Thérèse-Adrienne qui à son tour la céda à sa sœur cadette, Marie-Pétronille-Alexandrine.

Le nouveau seigneur de Grand-Acren ne sembla guère tendre avec ses sujets. Imbu de sa toute puissance, il n'allait pas hésiter, à l'une ou l'autre occasion, à affirmer son autorité, fût-ce en détournant les lois à son avantage; deux exemples nous sont connus: le procès d'Augustin Declercq devant la Cour des Mortemains de Hainaut en 1784  et une affaire de recrutement abusif et d'enlèvement d'habitants des Acren en 1785, en vue de leur incorporation dans le régiment de Clerfayt .

La baronne de Warluzel décède à Grand-Acren le 12 juillet 1786, laissant une fille, Sophie-Thérèse-Philippe, qui épousera en 1797 son cousin germain Dominique-Ghislain-Louis de Grignart dit de la Motte.

Dès le 30 octobre 1786, Jean-Baptiste Taintenier convole en secondes noces avec Marie-Joséphine Docteur, fille de Jean-Charles-Joseph, lieutenant châtelain de la ville d'Ath depuis 1755, et de Marie-Claire-Joseph Fontaine.

Jean-Charles-Joseph Docteur était lui-même fils de Simon, ingénieur militaire de l'Académie des Fortification et Mathématiques, mort officier au service de Charles VI dans le régiment de Ligne-Infanterie, et petit-fils de Jacques qui avait servi dans les armées du roi d'Espagne Philippe V avant de devenir, en 1714, enseigne au régiment d'infanterie wallonne d'Hartopp.

Le couple Docteur - Fontaine aura six enfants: Marie-Albertine-Josèphe, née en 1754 mourra célibataire à Vienne où elle avait été dame de compagnie de la comtesse Maria-Crescentia Seilern, née Oettingen-Oettingen; Marie-Anne-Florentine-Josèphe qui aura pour parrain Philippe-Joseph Taintenier, qu'on a vu plus haut, et qui épousera en premières noces en 1780, Alphonse-Victor Bonacueil, et en secondes noces, en 1789, prenant pour témoin son beau-frère le seigneur de Grand-Acren, le capitaine Louis-François Lolivier devenu par la suite major, chevalier de l'Ordre Militaire de Marie-Thérèse et fait baron della Trebbia; Marie-Angélique-Julie-Sophie-Josèphe, née en 1758, qui épousera Jean-Baptiste-François Dumortier dit de la Potterie, tenant du fief de ce nom à Acren; Ferdinand-François-Théodore-Joseph, né en 1750, avocat à Mons, qui aurait en 1787 porté l'uniforme des volontaires patriotes; Marie-Thérèse-Joséphine, née en 1762 et qui épousera, on l'a vu, Jean-Baptiste Tantenier; et enfin, Charles-Augustin-Joseph, né en 1765, que certains présenteront comme un fils du prince de Ligne dont il sera un commensal, et qui mourra à Vienne, étant major pensionné, en 1841.

Avant de décéder à Grand Acren le 17 mai 1797, Marie-Joséphine Docteur donnera trois enfants au seigneur d'Acren: Jean-Baptiste-Edmond-Joseph, né le 1 mars 1788, qui sera incorporé dans le 69ème d'nfanterie de ligne de l'armée française et mourra le 4 août 1809 à l'Auserhospital de Vienne , peut-être des suites de blessures reçues à la bataille d'Essling ou à celle de Wagram; Marie-Augustine-Justine, née le 18 mars 1789 et décédée le 20; Augustin-Joseph-Léopold, né le 25 avril 1790 et décédé le 7 août 1791.

Le dernier seigneur de Grand-Acren s'éteindra en sa maison sise sur la place de Deux-Acren, près de l'église Saint Martin, le 18 avril 1816.

N'eût été l'abolition des droits féodaux par la révolution française, la seigneurie de Grand-Acren serait alors passée, par sa fille Sophie-Thérèse-Philippe Taintenier, dans la famille de Grignart.

J. Declercq.  

Janvier 2001.

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