Article
publié
in
Bulletin
du
Cercle
d'Histoire
de
l'Entité
Lessinoise
n°
3,
septembre-octobre
1982.
Le
14
octobre
1640,
l'Athois
Pierre
Hannecart
proposait
de
rendre
la
Dendre
navigable
d'Ath
à
Dendermonde,
et
l'année
suivante,
le
même
Hannecart
se
voyait
octroyer
cette
entreprise
par
le
Roi
Philippe
IV.
En
1650,
les
travaux
étaient
terminés,
tout
au
moins
sur
le
territoire
des
Acren,
et
c'est
à
cette
époque
qu'on
reconstruisit
le
pont
situé
en
bas
de
l'actuelle
Grand'Rue.
Un
gué
existait
antérieurement
à
ces
travaux
à
l'extrémité
de
la
rue
de
l'Ordre.
Au
N-E
du
village,
près
de
la
pâture
à
Croix,
le
chemin
de
Mons
à
Gand
traversait
un
autre
pont.
L'entretien
des
voies
de
communication
nécessitait
des
sommes
souvent
trop
importantes
pour
le
budget
courant
de
la
communauté;
aussi
des
octrois
étaient-ils
demandés
pour
percevoir
un
droit,
dit
de
chausséage,
pour
couvrir
ces
frais.
Ces
taxes
de
chausséage
étaient
levées
sur
les
chevaux,
les
bœufs,
les
chariots
…
circulant
sur
le
territoire
concerné.
Ce
droit
était
affermé
pour
des
durée
variables.
En
1723,
les
échevins
des
Acren
avaient
obtenu
du
Grand
Bailly
du
Hainaut
l'autorisation
de
lever
ce
droit
pendant
six
ans.
Cet
octroi
fut
prorogé
le
6
juillet
1731
pour
une
même
durée.
Le
tarif
en
application
était
alors
le
suivant:
4
sous
au
chariot
attelé
de
quatre
chevaux,
3
sous
à
celui
attelé
de
trois,
2
sous
celui
attelé
de
deux,
1
sou
à
celui
attelé
d'un
seul
cheval,
8
sous
à
celui
attelé
de
bœufs,
8
sous
au
cent
de
moutons,
1
sou
au
cheval
marchand,
6
deniers
au
bœuf
et
3
à
la
vache.
Voici
quelques
années,
nous
avons
eu
la
bonne
fortune
de
retrouver
chez
un
bouquiniste,
parmi
d'autres
documents,
un
cahier
de
31
cm
sur
19
formé
de
seize
pages
de
papier
dont
onze
remplies
d'une
écriture
parfois
difficilement
déchiffrable.
Il
s'agit
des
"Comptes
et
renseignements
qu'à
Monseigneur
le
Grand
Bailly
,
président,
et
gens
du
Conseil
Souverain
de
l'Empereur
et
Roy
en
Haynaux,
sont
remis
des
despenses
de
la
part
des
mayeur
et
gens
de
loy
des
deux
Acrène,
tant
de
leur
part
que
pour
les
fermiers
du
droit
de
chausséage
qui
fut
loué
aux
dits
Acrène
ensuite
des
octrois
obtenus
de
messeigneurs
du
dit
Conseil
en
date
du
six
de
juillet
1731".
Ces
comptes
couvrent
la
période
de
1731
à
1737.
Devant
la
rareté
des
documents
concernant
Deux-Acren,
à
la
suite
de
l'incendie
du
dépôt
des
archives
à
Mons
en
1940,
nous
croyons
utile
d'en
extraire
ici
l'essentiel.
Antoine
Fontaine,
"officier
de
la
rivière
d'Acrène,
dit
Tenre
sur
Acréne",
obtient,
pour
la
somme
de
120
livres
l'an,
le
fermage
du
droit
de
chausséage
pour
les
deux
Acren,
de
1731
à
1734.
Son
successeur
sera,
jusqu'en
1737,
Guillaume
Declercq,
de
Grand
Acren.
Pendant
ces
six
années,
des
travaux
seront
engagés,
tant
au
"grand
pont"
et
au
"pont
de
bouran"
qu'aux
digues
de
ces
mêmes
ponts.
En
1731
et
1732,
la
veuve
de
Pierre
Fontaine
s'occupe
du
voiturage
et
de
la
"livrance"
de
trente
chariots
de
pavés
pour
la
somme
de
36
livres.
Ces
chariots
ont
été
chargés
"par
ordre
de
la
loy"
pour
la
somme
de
51
livres
6
sols
par
Adrien
Carlier
qui
sera
encore
employé
à
travailler
à
la
digue
du
pont
de
"Bouran"
pendant
trois
jours.
En
1736,
Pierre-François
Mareschalle
livre,
pour
971
livres
13
sols,
six
mille
trois
cents
pierres
de
pavés
devant
être
employées
aux
deux
ponts.
C'est
le
maître-paveur
Pierre
Bascour
et
son
manœuvre
qui
les
placeront,
en
travaillant
vingt-cinq
jours
pour
75
livres
en
1732
et
trente-deux
jours
pour
60
livres
en
1736.
Les
travaux
de
réfection
nécessitent
aussi
de
grandes
quantités
de
bois.
En
1731,
Antoine
Félix
livre
deux
cent
quarante-huit
pieds
de
dosses
de
chêne,
pour
une
somme
totale
de
82
livres
12
sols.
Ces
dosses
seront
placées
sur
les
deux
ponts
pour
la
somme
de
8
livres
10
sols
par
le
charpentier
Martin
Grie.
En
octobre
de
la
même
année,
Jacques
Roland
livre
un
corps
de
chêne
destiné
au
pont
de
Bouran.
En
1734,
d'autres
chênes
sont
fournis,
pour
la
somme
de
47
livres
8
sols,
par
la
duchesse
de
Havré,
à
qui
appartient
la
seigneurie
de
Petit-Acren,
et,
pour
le
prix
de
79
l.
18
s.
6
d.,
par
le
duc
d'Arenberg
qui
possédait
"le
grand
bois
d'Acrène".
Nicolas
Francq
touchera
quant
à
lui
99
l.
pour
la
livraison
de
quatre
cent
septante-quatre
pieds
de
dosses
de
chêne,
et
c'est
encore
Martin
Grie,
cette
fois
aidé
de
son
fils,
qui
travaillera
au
pont
de
Bouran
en
1735.
On
se
procure
aussi
à
Lessines
un
gros
sommier
à
placer
au
même
pont
de
Bouran
et
un
plus
petit
"destiné
à
un
des
pontelets
de
la
dite
communauté".
Enfin,
les
ponts
seront
recouverts
de
dosses
de
peuplier.
Guillaume
Declercq
en
fournira
deux
cent
nonante-deux
pieds
en
1731.
L'ensemble
de
ces
travaux,
répartis
sur
six
ans,
aura
ainsi
coûté
,
sans
compter
les
frais
administratifs,
plus
de
1500
livres
.
Le
docteur
Guignies
nous
apprend
que
déjà,
le
13
août
1573,
les
ponts
et
chaussées,
faute
d'entretien,
allaient
en
ruine
et
décadence.
A
de
nombreuses
reprises,
des
taxes
ert
impôts
spéciaux
durent
être
prélevés
pour
permettre
d'effectuer
les
travaux
nécessaires:
des
octrois
furent
ainsi
accordés
ou
renouvelés
en
1573,
1587
(pour
rétablir
les
deux
ponts
qui
avaient
été
rompus
pour
éviter
le
passage
des
ennemis),
1600,
1609,
1621
(pour
reconstruire
le
grand
pont
à
neuf),
1625,
1628,
1636,
1686
(pour
réparation
des
ponts
et
chaussées
dont
l'entretien
annuel
excède
100
livres),
1701,
1723
(frais
de
réparation
et
d'entretien
des
ponts
et
chaussées),
1731,
1737,
1762
et
1783.
Ce
compte
que
nous
avons
retrouvé
est
ainsi
un
nouveau
témoignage
du
souci
qu'avaient
les
responsables
des
communautés
des
Acren
de
maintenir
la
voirie
dans
un
état
acceptable
et
compatible
avec
les
finances
dont
ils
disposaient.
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