La
Médaille
de
Sainte-Hélène.
Article
publié
dans
la
Revue
de
la
Société
Belge
d'Etudes
Napoléoniennes,
n°
78
et
79;
1972.
Le
12
août
1857,
Napoléon
III,
Empereur
des
Français,
instaurait
la
Médaille
commémorative
des
campagnes
de
1792
à
1815.
"Napoléon,
Par
la
grâce
de
Dieu
et
la
volonté
nationale,
Empereur
des
Français,
à
tous,
présents
et
à
venir,
salut.
Voulant
honorer
par
une
distinction
spéciale
les
militaires
français
et
étrangers
des
armées
de
terre
ou
de
mer
qui
ont
combattu
sous
nos
drapeaux
de
1792
à
1815,
avons
décrété
et
décrétons
ce
qui
suit:
Art.
1:
Une
Médaille
commémorative
est
donnée
à
tous
les
militaires
français
et
étrangers
des
armées
de
terre
ou
de
mer
qui
ont
combattu
sous
nos
drapeaux
de
1792
à
1815.
Cette
médaille
sera
en
bronze
et
portera
d'un
côté
l'effigie
de
l'Empereur,
de
l'autre,
pour
légende:
Campagnes
de
1792
à
1815
-
A
ses
compagnons
de
gloire
sa
dernière
pensée.
Sainte-Hélène
le
5
mai
1821.
Elle
sera
portée
à
un
ruban
vert
et
rouge,
suspendue
à
la
boutonnière.
Art.2:
Notre
Ministre
d'Etat
et
le
Grand
Chancelier
de
notre
Ordre
impérial
de
la
Légion
d'Honneur
sont
chargés,
chacun
en
ce
qui
le
concerne,
de
l'exécution
du
présent
décret.
Fait
au
Palais
de
Saint-Cloud,
le
12
août
1857.
Napoléon.
Par
l'Empereur,
Le
Ministre
d'Etat.
Achille
Fould
Quelques
jours
plus
tard,
le
Moniteur
de
l'Armée
signale
que
la
médaille
sera
décernée
quelle
que
soit
la
durée
des
services.
On
peut
à
première
vue
se
demander
pourquoi,
quarante-deux
ans
après
la
fin
de
l'épopée,
Napoléon
III
éprouve
le
besoin
de
créer
une
telle
distinction.
Il
faut
avant
tout
se
rendre
compte
du
développement
de
la
légende
napoléonienne,
surtout
après
la
mort
de
Napoléon,
grâce
à
des
écrivains,
à
des
artistes:
On
parlera
de
sa
gloire
Sous
le
chaume,
bien
longtemps.
Dans
bien
des
demeures,
on
peut
alors
voir
des
lithographies,
des
images
d'Epinal
retraçant
l'épopée.
On
parle
du
Petit
Caporal
depuis
Corfou
où
des
cierges
brûlent
devant
son
image,
jusque
chez
les
Incas
de
Patagonie.
L'opinion
publique
ne
peut
oublier
les
jours
de
gloire.
L'empereur
le
sait.
Certains
ont
dit
que
la
création
de
cette
médaille
n'était
qu'un
moyen
pour
lui
de
rallier
le
peuple
à
sa
cause,
de
trouver
des
agents
de
propagande.
Le
décret
du
12
août
peut
aussi
s'expliquer
par
le
testament
de
l'Oncle:
"…
Je
lègue
mon
domaine
privé,
moitié
aux
officiers
et
soldats
qui
restent
des
armées
françaises
qui
ont
combattu
de
1792
à
1815
pour
l'indépendance
et
la
gloire
de
la
Nation,
…"
(Longwood,
15
avril
1821).
Trente
deux
mille
anciens
soldats
de
l'Empire
(dont
beaucoup
d'étrangers)
avaient
réclamé
leur
part
de
cet
héritage
illustre.
Parmi
eux,
il
y
avait
huit
mille
belges.
Rappelons
ici
que
175.000
de
nos
compatriotes
servirent
dans
les
armées
de
la
République
et
de
l'Empire.
La
Commission
chargée
de
la
répartition
de
ces
legs
décida
de
choisir
parmi
eux
500
des
plus
méritants,
qui
recevraient
chacun
400
francs.
Ainsi,
cent
quarante
quatre
Belges
purent
se
dire
héritiers
de
l'Empereur.
Mais
les
autres?
Les
milliers
d'autres
qui,
riches
ou
pauvres,
avaient
survécu:
que
leur
donnerait-on?
Pour
les
dédommager
et
pour
honorer
tous
ces
braves,
la
moindre
chose
que
l'on
pouvait
faire
encore,
c'était
bien
de
leur
accorder
une
distinction
spéciale
qu'eux
seuls
pourraient
porter.
Ainsi,
les
vieux
de
la
vieille
et
tous
les
grognards
qui
pleurent
depuis
trente-six
ans
la
mort
de
leur
Empereur
se
sentirent
rajeunir
de
plusieurs
lustres
à
la
nouvelle
de
ce
décret
qui
décorait
en
bloc
tous
les
membres
des
sociétés
d'anciens
frères
d'armes
de
l'Empire.
Personne
n'aurait
plus
rien
à
se
reprocher
désormais;
et
tous
les
grades,
tous
les
services
allaient
se
confondre
dans
une
même
distinction.
Napoléon
III
s'en
est
expliqué
lors
de
l'ouverture
de
la
session
législative
de
1858:
"J'ai
voulu
qu'une
médaille
vienne
rappeler
à
tous
ceux
qui
avaient
servi
dans
nos
armées
la
dernière
pensée
de
leur
chef.
Plus
de
300.000
hommes,
en
France
et
à
l'étranger,
ont
demandé
cette
médaille,
souvenir
de
l'épopée
impériale
et
en
la
recevant,
ils
ont
pu
se
dire
avec
fierté:
Et
moi
aussi,
je
faisais
partie
de
la
Grande
Armée,
paroles
que
l'Empereur,
à
Austerlitz,
avait
raison
de
leur
montrer
comme
un
titre
de
noblesse."
Le
décret
impérial
fut
accueilli
de
façons
très
diverses;
L'approbation
fut
grande,
mais
des
critiques
s'élevèrent
également.
Le
15
août,
à
Tournai,
la
Société
des
Frères
d'Armes
de
l'Empire
fêtait
la
Saint-Napoléon
par
un
banquet
au
Café
du
Parc,
dans
l'ordre
le
plus
parfait
et
la
plus
franche
gaieté.
Un
toast
très
applaudi
fut
porté
à
la
santé
du
Roi
Léopold,
un
autre
à
celle
du
président,
le
colonel
Stiénon.
Enfin,
un
membre,
J.
B.
Delcourt,
prit
la
parole
en
ces
termes:
"Frères
d'Armes,
l'Empereur
Napoléon,
que
nous
avons
tous
servi,
a
consacré
sa
dernière
pensée
à
ses
compagnons
de
gloire;
son
noble
neveu,
l'illustre
souverain
qui
gouverne
aujourd'hui
la
France,
a
hérité
du
grand
homme
ses
sympathies
pour
les
soldats
qui
ont
combattu
glorieusement
sous
les
drapeaux
français.
Napoléon
III
vient
de
donner
une
nouvelle
preuve
de
son
amour
pour
ceux
qui
restent
de
la
Grande
Armée.
Il
vient,
par
un
récent
décret
impérial
de
décider
qu'une
médaille
commémorative
serait
remise
à
tous
les
militaires
français
et
étrangers
qui
ont
combattu
sous
le
drapeau
de
la
France
de
1792
à
1815.
Frères
d'armes,
comme
moi,
vous
serez
reconnaissants
de
cette
nouvelle
marque
d'attachement
de
ce
généreux
souverain,
et
à
sa
prospérité!
Vive
Napoléon
III."
La
Nouvelle
Gazette
de
Prusse
se
plaint
du
bon
accueil
réservé
en
Hesse
Rhénane
à
la
Médaille
de
Sainte-Hélène.
Elle
signale
la
présence
de
sociétés
de
Vétérans
qui
"caressent
les
souvenirs
du
Premier
Empire
et
s'affublent
de
ses
oripeaux".
En
France,
cette
médaille
est
nommée
Médaille
de
chocolat,
ou
encore
contremarque
du
Père
Lachaise.
En
Belgique,
plus
tard,
Félicien
Rops
dédie
un
pamphlet
à
Messieurs
les
membres
de
la
Société
numismatique
belge
dans
lequel
il
réfute
les
éléments
de
base
de
la
légende
napoléonienne.
Cet
opuscule
contient
en
outre
la
reproduction
d'une
médaille
dont
voici
le
texte:
"Médaille
de
Waterloo.
Du
dernier
des
chauvins
voilà
tout
ce
qui
reste.
A
ses
compagnons
de
raclée,
sa
dernière
parole,
signé
Cambronne.
Revers
de
la
Médaille.
15
juin
1815."
L'organe
républicain
flamand
Broedermin
mène
une
campagne
de
presse
contre
la
Médaille.
Le
Nouvelliste
de
Gand
lui
rétorque:
"…
les
époques
mémorables
dont
cette
médaille
consacre
le
souvenir
n'appartiennent
plus
qu'à
l'histoire...
(les
Belges)
seront
fiers
de
porter
cette
distinction
parce
qu'ils
ont
fait
partie
de
ces
immortelles
phalanges
qui
ont
promené
l'étendard
français
dans
toutes
les
capitales
de
l'Europe
et
qu'ils
ont
été
acteurs
dans
ces
luttes
gigantesques
que
l'histoire
redira
à
la
postérité
la
plus
reculée…"
Malgré
tout,
la
Médaille
de
Sainte-Hélène
conserva
son
prestige.
Un
jour
qu'on
demandait
à
un
vieux
grognard
s'il
n'eut
pas
préféré
recevoir
la
Légion
d'Honneur,
il
répondit:
"La
Légion
d'Honneur,
tout
le
monde
est
susceptible
de
la
recevoir;
la
Médaille
de
Sainte-Hélène,
seuls
les
anciens
grognards
peuvent
se
la
voir
octroyer."
Pour
obtenir
cette
distinction,
les
anciens
soldats
devaient
présenter
des
titres
en
règle
prouvant
qu'ils
avaient
effectivement
servi
dans
la
Grand
Armée.
En
France,
les
requêtes
pouvaient
être
adressées
à
la
Chancellerie
de
la
Légion
d'Honneur,
où
les
grognards
parisiens
pouvaient,
à
partir
du
1er
septembre,
obtenir
le
bijou
et
un
brevet
sortant
des
presses
de
l'imprimerie
Pascal:
MEDAILLE
DE
SAINTE-HELENE
Instituée
par
S.
M.
Napoléon
III.
Napoléon
I
A
ses
compagnons
de
gloire,
Sa
dernière
pensée.
Sainte-Hélène,
le
5
mai
1821.
Le
Grand
Chancelier
de
l'Ordre
Impérial
de
la
Légion
d'Honneur
certifie
que
Monsieur
…………………
ayant
servi
durant
la
période
de
1792
à
1815
a
reçu
la
Médaille
de
Sainte-Hélène.
Ce
brevet
était
revêtu
de
la
signature
du
Duc
de
Plaisance,
Grand
Chancelier
et
portait
en
relief
le
sceau
de
la
Grande
Chancellerie.
Le
couvercle
de
la
boîte
portait
en
relief
l'aigle
et
l'inscription:
"Aux
compagnons
de
gloire
de
Napoléon
I.
Décret
du
12
août
1857."
Le
bijou
officiel
provenait
des
ateliers
de
Barré,
graveur
des
monnaies.
La
première
distribution
officielle
eut
lieu
à
Paris
le
15
août.
Ce
jour-là,
à
1
heure,
l'Empereur
remit
lui-même
la
Médaille
à
Jérôme
Napoléon,
au
Maréchal
Vaillant,
Ministre
de
la
Guerre,
à
l'Amiral
Hamelin,
Ministre
de
la
Marine,
au
Maréchal
Magnan,
au
Maréchal
Pélissier,
Duc
de
Malakoff,
au
Maréchal
comte
Baragay
d'Hillier,
Ornano,
gouverneur
des
Invalides,
ainsi
qu'à
bon
nombre
de
généraux
de
division
et
de
brigade,
d'amiraux,
de
vice-amiraux
et
de
contre-amiraux.
A
la
Chancellerie,
les
"anciens"
faisaient
la
file,
une
file
dans
laquelle
se
côtoyaient
de
gros
bourgeois
et
des
ouvriers
déguenillés.
Certains
se
reconnaissaient
alors
qu'ils
s'étaient
perdus
de
vue
depuis
1812
en
Russie.
Parmi
tous
ces
hommes,
il
y
avait
un
des
plus
jeunes
médaillés
français
:
il
avait
fait
à
12
ans
la
campagne
de
1815
comme
tambour,
en
présentant
l'acte
de
naissance
de
son
frère
de
deux
ans
son
aîné.
Des
ecclésiastiques
furent
également
médaillés
de
Sainte
Hélène
:
le
pape
Pie
IX,
comte
Mastaï,
qui
en
1813
avait
servi
dans
le
premier
escadron
du
premier
régiment
de
gardes
d'honneur,
Mgr
Prilly,
évêque
de
Châlons,
Monsieur
Laroque,
curé
de
Saint-Ambroise
à
Paris.
L'Empereur
donna
l'ordre
de
faire
droit
aux
prétentions
des
femmes
qui
avaient
également
été
employées
dans
les
armées
impériales.
Nous
en
retrouverons
en
Belgique.
Au
18
décembre,
plus
de
220.000
décorations
ont
été
distribuées
tant
en
France
qu'à
l'étranger.
En
France,
les
décorés
forment
un
corps
distinct
:
en
octobre
1857,
Napoléon
III
en
visite
à
Compiègnes
se
les
fait
présenter
avec
les
autorités
civiles
et
militaires.
En
juillet
1858,
à
Paris,
des
mesures
sont
prises
pour
empêcher
la
mendicité
parmi
eux.
En
1861,
ils
commencèrent
à
revendiquer
une
pension.
En
1869,
une
loi
votée
sur
proposition
de
Mr
Glois
Bizoin
accorda
250f
à
16.000
d'entre
eux.
Mais
les
années
passaient….Le
nombre
des
anciens
qui
allaient
le
15
août
rendre
hommage
à
leur
Empereur
au
pied
de
la
Colonne
diminuait.
Le
dernier
médaillé
français
fut
L.
V.
Baillot,
mort
le
9
avril
1898
à
l'âge
de
105
ans
après
avoir
reçu
la
Légion
d'honneur
des
mains
du
Président
de
la
République
Félix
Faure.
Nous
avons
vu
que
cette
décoration
pouvait
aussi
être
attribuée
à
l'étranger,
où
s'étaient
formées
bon
nombre
de
sociétés
de
frères
d'armes.
Des
bijoux
furent
envoyés
en
Hollande,
en
Pologne
,
en
Allemagne
,
en
Italie.
En
Belgique,
les
anciens
militaires
de
la
République
et
de
l'Empire
susceptibles
de
recevoir
la
Médaille
doivent
s'adresser
au
bourgmestre
de
leur
commune
et
déposer
entre
ses
mains
les
pièces
à
l'appui
de
leur
demande:
ainsi,
à
Mons,
les
Bourgmestre
et
Echevins
donnent
avis
qu'il
résulte
du
décret
impérial
du
15
août
qu'une
médaille
commémorative
est
donnée
à
tous
les
militaires
des
armées
de
terre
et
de
mer
qui
ont
combattu
sous
les
drapeaux
français
de
1792
à
1815.
Ils
préviennent
en
conséquence
ceux
des
habitants
de
cette
ville
que
la
chose
intéresse
qu'ils
doivent
remettre
au
bureau
militaire
de
l'administration
communale
les
demandes
qu'ils
seraient
disposés
à
adresser
au
gouvernement
français
à
l'effet
d'obtenir
la
médaille
dont
il
s'agit.
Chaque
demande
devra
être
accompagnée
d'une
copie
certifiée
des
états
de
service
des
pétitionnaires
(Mons,
le
19
septembre
1857).
Une
liste
nominative
des
ayant-droits
est
adressée
à
l'autorité
supérieure
par
chaque
commune.
La
Légation
de
France
à
Bruxelles
se
charge
de
réclamer
les
brevets
et
les
médailles
au
nom
des
bénéficiaires.
En
outre,
l'Office
des
Correspondances
fait
paraître
l'avis
suivant
dans
plusieurs
journaux:
"L'Office
des
Correspondances,
qui
compte
à
Bruxelles
plus
de
dix
années
d'exercice,
vient
de
fonder
à
Paris
un
bureau
spécial
pour
hâter
à
la
vérification
des
titres
à
l'obtention
de
la
médaille
créée
par
l'Empereur
en
faveur
des
militaires
qui
ont
servi
de
1792
à
1815
inclusivement,
sous
les
drapeaux
français.
L'administration
de
l'Office,
s'empresse
d'informer
les
ayant-droits
qu'elle
se
charge,
au
prix
le
plus
modéré,
de
la
recherche
et
de
la
copie
des
états
de
service,
de
la
rédaction
des
pétitions
et
des
mémoires,
ainsi
que
des
démarches
auprès
des
autorités
compétentes
et
de
tous
renseignements
nécessaires
tant
en
Belgique
qu'en
France.
L'Office,
essentiellement
belge,
se
rendra
gratuitement
utile
aux
anciens
militaires
dont
l'indigence
sera
constatée.
S'adresser
en
personne
ou
par
lettre
affranchie,
7
rue
des
Eperonniers
à
Bruuxelles".
Le
Musée
Royal
de
l'Armée
possède
quelques
dossiers
de
médaillés
belges.
De
ces
dossiers,
j'ai
extrait
les
deux
lettres
qui
suivent:
"A
l'Empereur
des
Français
à
Paris.
Bruges,
le
26
7bre
1857.
Sire!
J'ai
l'honneur
de
vous
adressée
la
conger
ci-après
et
de
vous
priée
de
bien
me
donnée
les
médailles
de
Ste
Hélène
pour
les
services
rendus
à
la
Belgique
et
à
la
France.
Recevez,
Sire!,
les
pression
de
mes
civilités
a
le
empressement
en
bien
cordial
ami.
P.
J.
Simon
Rue
des
pierres,
27
A
Bruges.
Ne
retrouve-t-on
pas
là
le
sans-gêne
et
la
bonhomie
de
ces
hommes
pour
qui
l'Empereur
était,
quarante
ans
plus
tôt,
un
père,
un
ami?
L'autre
lettre
est
adressée
au
Ministre
des
Affaires
Etrangères
par
le
président
de
la
Société
des
Anciens
Frères
d'Armes
de
Saint-Nicolas:
A
Monsieur
le
Ministre
des
Affaires
Erangères
à
Bruxelles.
Monsieur
le
Ministre,
En
ma
qualité
de
Président
des
anciens
frères
d'armes
de
l'Empire
français,
j'ai
l'honneur
de
vous
adresser
ci-joint
la
liste
dûment
certifiée
par
Monsieur
le
Bourgmestre
de
cette
ville
désignant
les
noms
des
militaires
qui
ont
obtenu
la
Médaille
de
Sainte-Hélène
décernée
par
Napoléon
III.
Je
vous
prie,
Monsieur
le
Ministre,
au
nom
de
mes
compagnons
d'armes,
de
vouloir
provoquer
l'autorisation
necessaire
pour
qu'ils
puissent
porter
cette
marque
de
distinction.
Agréez,
Monsieur
le
Ministre,
l'assurance
de
mon
respect.
Le
Président,
Hébert
.
Saint-Nicolas-Waes,
le
20
janvier
1858.
Les
Belges
devaient
en
effet,
en
application
de
la
loi
du
11
juillet
1832,
obtenir
l'autorisation
de
porter
cette
décoration
étrangère
en
Belgique.
Les
bourgmestres
durent,
par
l'entremise
des
gouverneurs
de
provinces,
faire
parvenir
les
listes
des
médaillés
belges
de
moralité
notoire.
Si
leur
demande
était
acceptée,
les
décorés
recevaient
en
plus
du
brevet
français,
une
autorisation
ainsi
libellée:
"Léopold,
Roi
des
Belges.
A
tous,
présents
et
à
venir,
salut.
Vu
la
requête
du
sieur
………
demandant
à
être
autorisé
à
porter
la
Médaille
de
Sainte-Hélène
qui
lui
a
été
décernée
par
Sa
Majesté
l'Empereur
des
Français.
Vu
l'article
9
de
la
loi
du
11
juillet
1832.
Sur
le
rapport
de
notre
Ministre
des
Affaires
Etrangères,
Nous
avons
arrêté
et
arrêtons:
Art.
1:
le
sieur
………
est
autorisé
à
porter
la
susdite
médaille
sans
pouvoir
la
détacher
du
ruban.
Art.
2:
notre
Ministre
des
Affaires
Etrangères
est
chargé
de
l'exécution
du
présent
arrêté."
On
peut
admettre
qu'environ
15.000
Belges
reçurent
cette
autorisation.
Des
listes
de
médaillés
(environ
14.162
noms,
selon
le
général
Couvreur)
ont
paru
dans
le
Moniteur
Belge
des
23
janvier,
20
février,
18
mars
et
27
avril
1858
et
du
16
janvier
1859
(annexes
A,
B,
C).
Les
décorations
furent
envoyées
aux
administrations
communales
qui
les
distribuèrent
avec
plus
ou
moins
de
fastes.
A
Ath,
51
décorations
furent
remises
le
24
janvier
1858
à
3
heures
en
l'Hôtel
de
Ville.
En
février,
ce
fut
au
tour
de
Quevaucamp
d'organiser
la
cérémonie
de
remise.
Un
vieux
grognard
y
prononça
ces
paroles:
"Mes
chers
frères
d'armes,
Napoléon
III,
Empereur
des
Français,
a
eu
la
généreuse
pensée
de
nous
décorer
de
la
Médaille
de
Sainte-Hélène.
A
ce
sujet,
nous
lui
témoignons
notre
reconnaissance;
aussi,
cela
nous
fait
rappeler
Napoléon
I
rempli
de
gloire,
qui
nous
a
tant
de
fois
conduits
à
la
victoire
et
fait
remporter
des
lauriers.
Son
nom
ne
sera
jamais
oublié.
Vive
l'Empereur
des
Français!
La
Providence
a
voulu
que,
après
avoir
tant
de
foius
bravé
les
balles,
la
mitraille,
les
bombes
et
les
boulets,
nous
rentrions
dans
notre
chère
patrie,
et
nous
avons
juré
fidélité
à
notre
Roi
et
à
notre
drapeau.
Frères
d'armes
et
amis,
pour
le
peu
de
temps
que
nous
avons
encore
à
vivre,
restons
unis."
Le
6
mars,
240
brevets
arrivèrent
à
Tournai.
Selon
une
note
qui
se
trouve
au
musée
du
folklore
de
cette
ville,
il
y
aurait
eu
214
médaillés.
Il
y
en
eut
48
à
Alost,
9
à
Hyon
,
25
à
Ghlin,
une
centaine
à
Mons
,
5
à
Saint-Symphorien
et
14
à
Nimy
-Maisières
.
Des
cérémonies
furent
organisées
à
Froyenne
par
l'administration
communale
en
présence
du
corps
des
sapeurs-pompiers
(la
distribution
se
fit
sur
une
estrade
surmontée
du
buste
de
Napoléon
et
de
l'inscription:
Honneur
aux
serviteurs
du
vieux
empire
et
entourée
d'étendards
belges
et
français
et
de
faisceaux
de
fusils
et
de
lances
provenant
des
armées
impériales);
un
banquet
fut
offert
par
les
fonctionnaires
communaux
et
ce,
le
lundi
de
Pâques;
et
à
Pipaix,
le
deuxième
dimanche
après
Pâques.
Il
y
eut
également
beaucoup
de
décorés
à
Gand,
où
existait
une
association
de
frères
d'armes.
A
Lessines,
les
médailles
furent
remises
le
dimanche
18
avril
à
11
heures.
La
Société
Philharmonique,
fondée
en
1792,
prêta
son
concours
à
cette
manifestation
qui
nous
est
contée
par
un
journal
local,
Le
Postillon:
"La
distribution
des
Médailles
de
Sainte-Hélène
a
eu
lieu
dimanche
dernier.
L'administration
communale
au
grand
complet,
Monsieur
le
Juge
de
Paix
et
bon
nombre
de
notabilités
assistaient
à
cette
cérémonie
qui
avait
en
outre
attiré
plusieurs
centaines
de
curieux
aux
abords
de
l'Hôtel
de
Ville.
La
remise
des
médailles
a
eu
lieu
après
une
allocution
de
Monsieur
le
Bourgmestre
Tacquenier.
Les
décorés
sont
au
nombre
de
24,
parmi
lesquels
7
pensionnaires
de
l'Hospice
des
vieillards.
A
3
heures
de
relevée,
Monsieur
Laurent
Vandenbranden,
propriétaire
et
agriculteur,
ancien
sergent
aux
grenadiers
de
la
garde,
a
réuni
les
décorés
en
un
banquet
chez
le
sieur
Pierre
Richet,
"A
la
Bourse";
inutile
de
dire
que
ce
banquet
a
été
joyeux
et
animé
au
possible."
La
veille,
c'était
A.
J.
Stalport,
garde-champêtre
à
Papignies,
qui
avait
été
décoré.
De
semblables
cérémonies
eurent
lieu
dans
de
nombreuses
communes
du
pays.
Des
femmes
ayant
également
réclamé
la
Médaille,
Napoléon
III
ordonna
de
faire
suite
à
leurs
demandes,
pour
autant
qu'elles
pouvaient
présenter
des
titres
en
règle.
"La
Fourragère",
n°7,
12ème
série,
en
cite
quelques
unes
de
chez
nous:
Marie
Somers,
70
ans,
de
Cruybeke,
avait
fait
la
guerre
d'Espagne
dans
le
9°
hussards,
où
elle
avait
servi
pendant
dix
ans;
Philippine
Charlotiaux,
veuve
Bailly,
70
ans,
de
Namur,
fut
faite
prisonnière
étant
vivandière
à
la
22ème
batterie
du
9°
d'artillerie
(campagne
de
Russie
1812);
il
faut
citer
aussi
Sophie
Timmermans
et
Anne-Thérèse
Burniaux.
Le
plus
jeune
décoré
belge
fut
probablement
Auguste-Joseph
Dereume,
né
à
Maestricht
le
1
mars
1807
et
admis
comme
enfant
de
troupe
au
20°
dragons
le
6
décembre
1813.
Le
dernier
médaillé
belge
est
sans
doute
François-Ange-Joseph
Thiery,
né
à
Tournai
le
25
septembre
1797.
Officier
de
santé
dans
la
Grande
Armée,
prisonnier
de
guerre
des
Russes
en
1814,
licencié
en
avril
1814,
il
mourut
à
Haelen
le
29
mars
1891.
L'ancien
lieutenant
Ducaté
Jh.,
de
Courtrai,
s'éteignit
à
l'âge
de
99
ans
à
Zwynaerde
(21
janvier
1890).
Le
major
Van
Goethem
avait
98
ans,
le
capitaine
d'Hongerswal,
97,
le
général
Brialmont,
96,
le
général
de
Wautier,
95,
le
colonel
Rosalani
et
le
capitaine
Matot,
93,
le
colonel
Delport,
92.
La
Médaille
de
Sainte-Hélène
n'ayant
pas
été
décernée
à
titre
posthume,
certains
ne
purent
jamais
la
recevoir:
PhilippeViseur,
incorporé
en
1808
au
23°
de
ligne,
avait
fait
les
campagnes
d'Italie,
d'Allemagne
et
de
Prusse;
il
avait
reçu
trois
blessures
à
Lutzen
et
Bautzen
;
il
rentra
dans
ses
foyers
après
l'abdication
de
1814
et
fut
enterré
le
29
décembre
1857.
D'autres
furent
momentanément
oubliés,
ainsi
à
Mons,
l'huissier
Godart,
ex-sergent-major
au
7°
léger,
2°
bataillon,
5°
compagnie,
qui,
blessé
à
Eylau
près
du
drapeau
de
son
régiment
le
8
février
1807,
avait
été
amputé
du
bras
droit
à
l'âge
de
21
ans.
A
la
nouvelle
du
décret
du
12
août,
l'Athois
Joseph-Théophile
Larose,
ancien
pupille
de
la
garde,
dessina
un
encadrement
imagé
pour
le
brevet
de
la
Médaille
de
Sainte-Hélène.
On
en
trouvera
une
photo
dans
"La
Fourragère3,
n°1,
13ème
série.
J.
Vandenhoff,
fabricant
de
cadres,
rue
Cantersteen
à
Bruxelles,
mettait
en
vente
des
cadres
surmontés
de
l'aigle
française.
Bibliographie
et
références.
Bulletin
de
la
Société
Belge
d'Etudes
Napoléoniennes,
n°
22.
La
Fourragère,
12°
série,
n°
8;
13°
série,
n°
1
et
2.
Vert
et
Rouge,
n°
107
(1957).
Intermédiaire
des
chercheurs
et
des
curieux,
février
1966.
La
Revue
Nationale,
janvier
1962.
Historia
n°
119.
La
Belgique
militaire.
(1900-1901).
La
Médaille
de
Sainte-Hélène.
Histoire
et
description,
par
N.
Turquin.
Arles
1858.
Médaille
de
Sainte-Hélène
et
de
Waterloo.
F.
Rops.
Société
Philianthropique
des
Anciens
Frères
d'Armes
de
l'Empire
Français.
Par
F.
de
Keyser.
(Société
Le
Vieux
Papier,
1959).
Gloires
militaires
du
Pays
d'Ath.
Par
Monnier.
Capitaine
Bottey:
Vétérans,
Débris,
Frères
d'Armas.
(1900).
Histoire
des
Ordres
de
Chevalerie
et
des
distinctions
honorifiques
en
France
(1868).
Dossiers
des
médaillés
de
Sainte-Hélène
déposés
aux
Archives
Générales
du
Royaume
et
au
Musée
Royal
de
l'Armée.
Archives
du
Moniteur
Belge,
et
des
journaux
Le
Postillon,
La
Gazette
de
Mons,
Le
Nouvelliste
de
Gand
et
Le
Courrier
de
l'Escaut
(1857-1858).
N.
B.:
Les
archives
françaises
ont
été
détruites
lors
de
l'incendie
de
la
Grande
Chancellerie
de
la
Légion
d'Honneur
en
1871.
Lien
:
Site
"Médailles de Ste Hélène"
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