Article
publié
in
Bulletin
de
la
Société
Belge
d'Etudes
Napoléoniennes,
nouvelle
série,
n°
7,
1988.
Nous
devons
à
l'obligeance
de
Mme
Rougier-Bertholet
de
pouvoir
communiquer
ici
le
texte
d'une
lettre
d'un
officier
anglais
écrite
à
la
veille
de
la
prise
de
Bayonne
par
les
troupes
du
duc
de
Wellington.
Cette
lettre,
intéressante
par
son
contenu,
l'est
aussi
par
la
personnalité
de
celui
qui
l'a
écrite,
le
capitaine
d'artillerie
Hamelin
Trelawny.
Elle
fut
recopiée
par
sa
sœur
Mary
dans
son
journal,
qui
couvre
la
période
de
septembre
1812
à
février
1818,
alors
qu'elle
habitait
les
Cornouailles.
Hamelin
Trelawny
naquit
à
Trelawne
le
16
octobre
1782.
Il
était
le
troisième
fils
du
Révérend
Sir
Harry
Trelawny
et
de
son
épouse
Anne
Browne.
Il
eut
trois
frères
(dont
deux
furent
militaires)
et
deux
sœurs.
Le
28
avril
1798,
il
obtient
un
brevet
de
lieutenant
en
second
dans
la
Royal
Artillery.
Il
est
premier
lieutenant
le
2
octobre
1799
et
capitaine
le
28
décembre
1805.
En
février
1806,
il
épouse
en
la
cathédrale
de
Cork
Martha
Rogers,
qui
décédera
à
Brighton
en
1864.
Il
sert
en
Hollande
en
1799
et
dans
la
Péninsule
en
1813
et
1814.
Le
10
novembre
1813,
le
duc
de
Wellington
avait
battu
sur
la
Nivelle
les
troupes
françaises
du
maréchal
Soult
et,
dans
la
soirée,
portait
son
quartier-général
à
Saint-Jean-de-Luz
alors
que
les
Français
se
repliaient
pas
à
pas
en
combattant
sur
la
Nive,
en
avant
de
Bayonne
,
où
un
camp
retranché
allait
être
établi.
Cette
ligne
de
défense
sera
attaquée
dès
le
9
décembre
par
Wellington
(bataille
de
la
Nive)
et
après
cinq
jours
de
combats
(Saint-Pierre-d'Irrube,
13
décembre),
l'armée
française
devra
se
réfugier
sur
l'Adour
après
avoir
évacué
Bayonne
.
C'est
entre
la
bataille
de
la
Nivelle
et
celle
de
la
Nive
que
le
capitaine
Trelawny
va
écrire
à
son
père.
Sa
lettre
est
datée
de
Saint-Jean
-de-Luz
le
26
décembre
1813.
En
fait,
il
semble
qu'une
erreur
ait
été
commise
par
sa
sœur
lors
de
la
transcription
de
cette
date
et
qu'il
faille
plutôt
lire
"novembre"
si
l'on
se
réfère
aux
événements
dont
il
parle.
"Saint-Jean-de-Luz,
26
décembre
1813.
Mon
Cher
Monsieur,
Je
profite
de
l'occasion
du
retour
du
paquebot
Marlborough
pour
vous
dire
que
je
suis
arrivé
sain
et
sauf
aux
Grands
Quartiers
de
l'Armée
et
que
j'espère
bientôt
prendre
une
part
active
au
siège
de
la
ville
de
Bayonne
que
nous
examinons
pour
le
moment
en
soupirant
après
des
logements
dans
ces
belles
maisons.
Les
Français
sont
très
occupés
par
la
préparation
de
leurs
conscrits
pour
le
service.
Nous
les
voyons
s'entraîner
et
entendons
leurs
paroles
de
commandement.
Ils
sont
très
fermement
postés
en
face
de
Bayonne
dans
un
camp
retranché,
mais
nous
n'attendons
que
l'ordre
de
notre
Grand
Homme
pour
le
prendre
et
conduire
les
Français
dans
la
ville.
Prendre
cette
dernière
demandera
un
certain
temps,.
La
citadelle
est
très
forte.
Chaque
jour
nous
persuade
que
les
Français
ont
perdu
plus
d'hommes
dans
cette
dernière
affaire
que
ne
l'affirme
la
gazette
que
vous
lisez
maintenant.
Nous
croyons
qu'ils
ont
perdu
au
moins,
en
tués
et
blessés,
12.000
hommes.
Dans
un
terrain
de
tout
au
plus
16
acres,
nous
avons
compté
1.300
cadavres
que
nous
sommes
occupés
à
enterrer
dans
notre
propre
défense,
l'odeur
étant
intolérable.
L'armée
est
magnifique,
très
différente
de
celle
avec
laquelle
j'ai
servi
en
Hollande.
Nous
sommes
tous
égaux
sous
Lord
Wellington
pour
faire
n'importe
quoi.
Nous
manquons
désespérément
de
fourrages.
Mes
chevaux
et
mes
mules
n'ont
rien
eu
à
manger
depuis
cinq
jours,
excepté
une
part
de
ma
ration
de
pain.
J'ai
aujourd'hui
envoyé
des
gens
à
12
miles
d'ici
pour
trouver
un
peu
de
foin
pour
eux.
Dix
mille
animaux
de
toute
espèce
meurent
chaque
semaine.
Les
routes
sont
presque
impossibles
pour
eux.
Chaque
branche
d'arbre
est
en
effet
coupée.
Pas
de
feuilles.
C'était,
au
début,
hideux
à
voir.
Le
sacrifice,
pour
notre
gouvernement
est
alarmant.
Je
suis
occupé
pour
le
moment
à
ramener
des
montagnes
les
fusils
pris
aux
Français
dans
cette
action;
ils
ont
été
chassés
si
vivement
de
leurs
positions
qu'ils
n'ont
pu
emporter
leurs
fusils.
Nous
les
envoyons
à
Saint-Sébastien,
place
que
nous
renforçons.
Je
ne
suis
pas
maître
de
mon
temps,
mais
je
vous
prie
de
croire
que
je
reste
votre
affectionné
fils.
Hamelin
Trelawny.
Hamelin
Trelawny
recevra
son
brevet
de
major
le
12
août
1819
et
sera
nommé
lieutenant-colonel
le
27
mai
1831.
A
l'époque
du
Retour
des
Cendres,
on
le
retrouve
à
Sainte-Hélène
où
il
commande
l'artillerie
de
l'île.
A
ce
titre,
et
à
la
suite
d'une
grave
indisposition
du
Gouverneur,
le
général
Middlemore,
c'est
lui
qui
présentera
au
prince
de
Joinville
et
à
sa
suite
les
autorités
et
les
principaux
habitants
de
l'île
le
9
octobre
1840.
Philippe
de
Rohan-Chabot
décrit
notre
homme
comme
"un
personnage
charmant
et
excentrique
qui
se
prétendait
cousin
des
Orléans
par
le
sultan
Mahmoud".
Le
lundi
12,
il
préside
un
grand
dîner
offert
aux
Français
par
les
officiers
de
la
garnison.
Enfin,
après
l'exhumation
des
cercueils
de
l'Empereur,
c'est
lui
qui,
le
15
octobre,
escorte
le
char
funèbre
du
tombeau
au
point
d'embarquement
sur
la
"Belle
Poule":
"L'immense
poids
du
cercueil
et
l'extrême
difficulté
de
la
route
rendaient
nécessaire,
pendant
presque
tout
le
trajet,
une
surveillance
de
tous
les
instants.
M.
le
colonel
Trelawney
voulut
commander
en
personne
le
petit
détachement
d'artillerie
chargé
de
conduire
le
char
et,
grâce
à
ses
soins,
la
translation
a
pu
s'effectuer
sans
le
moindre
accident."
Hamelin
Trelawny,
nommé
colonel
le
23
novembre
1841,
mourra
le
3
mai
1846
gouverneur
de
Sainte-Hélène,
poste
qu'il
occupait
depuis
le
mois
d'août
1841.
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