Petites notes d'Histoire Locale

Jacques Declercq

Coup d’oeil sur les Acren à la fin de la période française

- Fleurus -  Février  1995 -

 Coup d’oeil sur les Acren à la fin de la période française

Dans les lignes qui vont suivre, nous nous proposons de jeter, au travers de quatre documents en notre possession, un bref coup d’oeil sur certains aspects du village de Deux-Acren à la fin de l’Empire français.

On sait que la commune de Deux-Acren fut créée par l’arrêt‚ du 26 floréal an XII (16 mai 1804) qui réunissait en une seule entité administrative les villages d’Acren-Saint-Martin (ou Grand Acren) et d’Acren-Saint-Géréon (ou Petit Acren).  

Un recensement de 1806 fixe la population du village à 2.576 habitants. Le maire du village est Roland Vanlierde ; ses adjoints sont, en 1809, le médecin Léopold D’Harveng et Vanongevalle ; Jean-Baptiste Vanlierde est percepteur.  

En 1813, le Bureau de Bienfaisance est composé de Mrs Debagenrieux, Charles Duquesne, Philippe-Joseph Mahieu, Charles Vandereecken et François Demarbaix.  

Les quatre documents dont il sera question ici sont :

1) « Registre contenant les bonniers, journaux et verges de la commune des deux Acrenes. An 1815. ».

Ce document a été rédigé au début de 1815 pour servir de base aux réquisitions faites par les armées alliées occupant le jeune royaume des Pays-Bas après la première abdication de Napoléon.  Il donne les noms des cultivateurs, la superficie de terre labourable occupée et la contribution due en francs et centimes.  Il contient cent nonante-sept noms.

2) « Liste du nombre des vaches. ».

Elle fut rédigée très probablement à la même époque ; elle «contient le nombre des vaches qui se trouve dans la commune des deux Acrènes» et a été délivrée par le Maire sur la demande de Monsieur l’Intendant du Département de Jemmape. Les noms de deux cent cinquante-neuf propriétaires de vaches y sont classés par hameaux : Au-delà-de-l’Eau, Corps du Village, Glacenée, Bourant-Wangrose et Bois d’Acren.

3) « Tableau indicatif des habitans mâles de la Commune de Deux-Acren depuis l’âge de vingt ans jusqu’à soixante ans révolus. ». Il a été rédigé en 1809 et donne les noms et prénoms, dates de naissance, âge, taille, profession, état-civil et nombre d’enfants. Il comporte un total de deux cent soixante-quatre noms.

 

4) Registre intitulé « Garde Nationale. 1813. ».  Il contient les noms de trois cent trente-huit hommes du village âgés de vingt à quarante ans susceptibles de concourir à la formation des divers bans de la Garde Nationale. On y trouve les noms, prénoms, dates de naissance, état-civil, nombre d’enfants, nombre de vieux parents et professions des individus concernés.

Le premier de ces documents nous permet d’établir la liste des habitants qui cultivent au moins dix bonniers (les superficies cultivées s’échelonnent de 1 bonnier 50 verges à 28 bonniers 1 journel).  

Le montant total de la contribution pour le village est de 1.212,76 francs pour une superficie cultivée de 561 bonniers 1 journel 61 verges.

 

 

Selon le deuxième document étudié‚ le cheptel bovin, ou du moins le nombre total de vaches, s’élève à 478 unités ; ce document nous permet d’en établir la répartition par hameaux.

Au hameau Au-delà-de-l’Eau, Adrien-Joseph Marquebreucq et Adrien Joseph Carion possèdent chacun 4 vaches ; onze propriétaires en ont 3, trente en ont 2 et quarante-six en ont 1.

Dans le « Corps du Village », la veuve Franc en a 13 ; François Vandereecken en a 8 ; Joseph Denutte, 6 ; Jacques Vanongevalle, 5; Antoine Vanhove, les héritiers Duquesne, Charles Huge, Martin Posteau, la veuve Charles-Louis Dubois et Martin-Joseph Posteau en ont chacun 4; treize propriétaires en ont 3; dix-huit, 2 et vingt-quatre, 1.

Le cheptel du hameau de la Glacenée s’établit comme suit : un propriétaire possède 3 vaches ; neuf en ont 2 et seize en ont 1.

A Bourant-Wangrose, la veuve Philippe Mahieu possède 8 vaches ; quatre personnes en ont 3 ; treize, 2 et vingt-trois, 1.

Enfin, au Bois d’Acren, Antoine Vandereecken et la veuve Lelubre en possèdent 5 ; deux propriétaires en ont 3 ; huit, 2 et vingt-six, 1.

C’est dans le Corps du Village que le nombre moyen de vaches par proprietaire est le plus élevé ; il y atteint 2,385 ; viennent ensuite Bourant-Wangrose avec 1,683 ; Au-delà-de-l’Eau avec 1,652 et le Bois d’Acren avec 1,526. La Glacenée est le hameau le plus pauvre avec une moyenne de 1,423.

Les troisième et quatrième documents nous permettent de cerner les professions exercées par les Acrennois à cette époque. Nous en donnons ci-dessous pour terminer le tableau récapitulatif qui reprend, pour chacun de ces documents et pour autant qu’il y ait moins de dix noms cités par profession, les noms, prénoms et années de naissance des individus concernés.

On remarquera le nombre encore relativement élevé de tisserands, métier qui va progressivement disparaître au cours de ce début de XIX° siècle. Ce phénomène sera général dans la région à cette époque. En avril 1812, il y a 75 métiers à tisser à Lessines ; la guerre, le blocus continental puis l’abdication de Napoléon provoqueront une dépression économique et en 1817, il n’y aura plus à Lessines que 35 tisserands. (5). Il faut savoir qu’une autre profession était essentiellement exercée par les femmes, non reprises dans les deux documents dont question ici. Il s’agit de la profession de fileuse. En consultant les actes de l’état-civil de Deux-Acren du début de ce siècle, on constate que la majorité des femmes exerçait cette profession. Mais un seul homme est fileur en 1813 (Melchior Gardinal) et un seul est peigneur de lin (Pierre-Joseph D’Hainaut). Pourtant la production de lin préparé s’élevait en 1812, pour Deux-Acren, à 43.500 kgs.  

 

 

 

 Note : Jean-Baptiste Taintenier avait acquis la seigneurie d’Acren-Saint-Martin du chef de sa première épouse M.P.A. d’Hostel, des barons de Warluzel.(Guignies : « Notice historique sur la commune de Deux-Acren ».). Le document de 1809 le dit père de deux enfants dont un est au service  militaire. Il s’agit de Jean-Baptiste-Edouard-Joseph Taintenier,  né à Acren le 1 mars 1788 de sa seconde épouse, Marie-Thérèse-Joseph Docteur, fille du lieutenant-châtelain d’Ath ; soldat au 69° de ligne, il mourra le 4 août 1809 à l’hôpital Auser à Vienne des suites de la campagne d’Autriche. (Bernaert : « Fastes militaires des Belges au service de la France. 1789-1815.)

.J.DECLERCQ

                                                                                          Février  1995.

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